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18/09/2007

Traqués par les anti-OGM

Traqués par les anti-OGM   par Héloïse Léon

temoignage pro-ogm

Pour TC, Patrick et François Pomat, éleveurs de porcs et cultivateurs de maïs transgénique, ont décidé de sortir de leur anonymat et de s’expliquer 

Dans le village de 300 âmes de Pirajoux, dans la Bresse (Ain), on ne parle que d’eux : « Les planteurs d’OGM. » Patrick et François Pomat sont frères. Ils possèdent un élevage industriel de 2 000 porcs et cultivent 50 hectares de maïs MON810 (1) destiné à l’alimentation de leur cheptel. Pour répondre à ce qu’ils qualifient de « mal information » de la part des anti-OGM, les Pomat ont choisi de témoigner. Pour vivre heureux, ils cultivaient cachés. L’État se contente de rendre publique la simple localisation des parcelles OGM à l’échelle de cantons (2), garantissant ainsi l’anonymat aux « paysans du transgénique ». Mais cette maigre information a suffi aux militants du collectif « OGM Non merci » de l’Ain pour se lancer dans une véritable traque aux « semeurs ». La rumeur a enflé et sous la pression des cancans, les têtes sont tombées. On retrouve ces agriculteurs à La Tournelle, l’exploitation familiale depuis 1917. Leur mère, agitée, fait les cent pas sur le perron de la maison en criant qu’« il faut pas embêter les gens qui travaillent et que d’abord, il y a une loi qui dit qu’on peut faire des OGM, alors ! » Alors, ses deux grands fils de 40 ans gardent leur calme et expliquent leur choix agricole. « On sème du maïs transgénique pour répondre à une problématique de mycotoxines », répètent-ils mécaniquement. Selon eux : « Le MON810 est le seul moyen de lutter à 100 % contre la pyrale du maïs, ce petit papillon dont les larves attaquent le pied de la plante et génèrent un champignon, le Fusarium. Cela crée des problèmes digestifs chez le porc une fois le grain consommé, avec pour conséquence une forte diminution de l’appétence et donc une perte au niveau de l’élevage. C’est un peu technique. Vous comprenez ? »
Oui, on comprend que leur discours sort tout droit d’une publicité de Monsanto, le producteur de la semence miraculeuse. Une étude de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, publiée en juin 2004, affirme que « les résultats d’études scientifiques permettant d’authentifier la moindre imprégnation des plantes génétiquement modifiées en mycotoxines sont abondamment utilisés auprès des professionnels pour la promotion des semences OGM et de leur image ». Comprendre : ne trouvant pas d’écho auprès de la population (3), les semenciers optent pour une stratégie plus ciblée afin de développer leur marché. C’est d’ailleurs par le biais de leur réseau professionnel que nos deux agriculteurs ont été séduits par le procédé, il y a un peu plus d’un an. « Des cultivateurs de maïs OGM du sud-ouest de la France, également éleveurs de porcs, nous ont conseillé le MON810 », expliquent les frères Pomat. Ils tentent donc le « coup » en plantant une parcelle d’essai la saison dernière. « Les résultats étaient concluants. Le grain était de meilleure qualité. Nous avons choisi de continuer », poursuivent-ils. 

 

Budget équilibré 

Gain en qualité ou en productivité ? Ces deux éleveurs affirment que la productivité et le profit n’entrent pas en compte dans leur décision. Le sujet reste pourtant sensible. « Le MON810 est un peu plus cher qu’une semence de maïs classique, mais on n’a pas à acheter de pesticide. La plante produit son propre insecticide », admet Patrick Pomat. Le budget est donc équilibré. En revanche : « La qualité du grain permet aux bêtes d’engraisser mieux et plus vite », se félicite son frère. Le profit viendrait uniquement de là, contrairement à ce que prétendent d’autres agriculteurs du canton : « Il n’y a pas de choix gratuit dans le monde paysan. Impossible de vous donner le montant ni la nature des remises qu’appliquent les fournisseurs lorsqu’un agriculteur se met au transgénique, mais il y a forcément un bénéfice important pour qu’il choisisse de changer de méthode de culture. »
« Qu’importe le qu’en-dira-t-on, on assume, répondent d’une traite les deux frères. Cultiver du maïs OGM est tout à fait légal. Et rien de plus simple : on en trouve chez n’importe quel fournisseur de semences. » François ajoute que « beaucoup d’agriculteurs envisagent de s’y mettre. Mais tous n’en ont pas le courage ». Traduire : les actions des anti-OGM semblent avoir un effet dissuasif. Mme Pomat mère continue de trépigner. Patrick, lui, commence à s’impatienter. Son téléphone portable sonne sans cesse depuis le petit matin. Le numéro est masqué. Il regarde son frère qui lui suggère de décrocher : « Vas-y, on n’a rien fait de mal. » C’est un ami qui vient aux nouvelles. Pendant que Patrick converse, François exprime son désarroi : « On s’est fait piéger par Gérard Boinon, le président d’OGM Non merci. Il m’a appelé en me disant qu’il savait qu’on plantait des OGM. Je n’ai pas dit non. Il a raccroché en affirmant qu’il allait avertir la presse locale. » Le militant anti- OGM expliquera son geste le soir même, lors d’une réunion d’information : « Nous avons longuement réfléchi avant de les dénoncer. C’est vrai que cela peut faire penser à de l’inquisition, mais il fallait que les voisins sachent. Nous sommes en pleine période de pollinisation, les champs de maïs des agriculteurs biologiques des alentours risquent d’être contaminés. » Certes. Sauf que les Pomat affirment respecter à la lettre les cinquante mètres de précaution réglementaires : « Autour de notre parcelle OGM, nous avons planté du maïs classique. Et nous n’avons pas de voisin à moins de sept kilomètres. Nous n’avions donc pas besoin de prévenir qui que ce soit. » Patrick achève sa conversation téléphonique et raccroche en soupirant : « Cela finira bien par retomber. Les gens se préoccuperont plus du Mondial de rugby et moins des OGM. » Les deux frères assurent qu’ils ne finiront pas comme l’agriculteur du Lot dont le suicide avait été imputé aux militants anti-OGM, même s’ils comprennent « maintenant son geste ». « On voulait éviter l’affrontement avec les anti, pas le débat. Mais les faucheurs peuvent bien venir saboter notre boulot, de toute façon, on a la loi de notre côté. » La phrase tombe comme un couperet, celui de leur sentiment d’injustice. On les laisse retourner au travail. François Pomat achève, l’air anxieux : « Si un texte législatif nous interdit de planter, on arrêtera. (…) Possible aussi que nous mettions la clé sous la porte. On a beau avoir un élevage industriel, on a du mal à joindre les deux bouts. Pour que ce soit rentable, il faudrait que le kilo de porc soit à 1,50 €. Au supermarché, vous le payez 1,25 €. Et nous, on doit se plier aux prix. » Derrière les problématiques de mycotoxines, de parasites du maïs, de cultures OGM, de combats entre pro et anti, se cache une autre maladie, celle d’une politique agricole inadaptée

 1.      En France, l’unique variété d’OGM autorisée à être cultivée à des fins commerciales est le maïs MON810.  
 2.    Site du ouvernement   
 3.    Selon un sondage CSA-Greenpeace de septembre 2006, 80 % des consommateurs français sont ontre les OGM.  

 Salade administrative

Pour savoir qui recense et surveille les cultures OGM, c’est le jeu de la patate chaude. Coup de fil à la préfecture de l’Ain. On nous renvoie vers la chambre d’agriculture qui nous renvoie vers la DDAF (Direction départementale de l’agriculture et de la forêt), qui nous renvoie vers le SRPV (Service régional de la protection des végétaux). Bonne pioche. À l’autre bout du fil, on nous explique la procédure : « Les agriculteurs nous signalent leurs parcelles OGM lorsqu’ils font leur déclaration à la PAC (Politique agricole commune, Ndlr). » Ensuite ? « Ces cultivateurs pourront planter en veillant à respecter une distance de 50 mètres entre leur parcelle OGM et les champs de maïs classique. » Et pour ce qui est de la surveillance de ces cultures ? On nous renvoie vers le ministère de l’Agriculture, où nous répondent des communicants : « Nous ne sommes ni responsables du vent, ni des 50 mètres. Non, il n’y a pas de plan de surveillance particulier. » Alors, pourquoi relever les emplacements des parcelles ? « Le registre est inscrit dans la directive européenne pour avoir la possibilité de faire marche arrière si un incident se produisait. Mais les risques sont quasi inexistants. » Mais est-on bien sûr que la consommation d’Organismes génétiquement modifiés n’est pas dangereuse ? « Écoutez, je suis un ancien scientifique, nous précise notre interlocuteur, vous ingérez bien des gènes quand vous mangez une salade. Vous ne devenez pas salade pour autant, non ? » Oui… On raccroche avec l’impression d’avoir avalé une grosse salade administrative

Le registre des OGM par canton 

Négociations : un ‘Grenelle’ aux OGM Déclarations et réunions s’enchaînent pour préparer le « Grenelle ». Les OGM sont au cœur des débats. Le tant attendu « Grenelle de l’environnement » devrait débuter dans un mois, à la mi-octobre. Déjà, les positions s’affirment, les déclarations fusent. Le sujet qui s’annonce en plat de résistance, ce sont les OGM. Lundi 10 septembre, des associations se sont réunies pour préparer le ‘Grenelle’ et tenter d’y aller en ordre de marche. Mais l’harmonie n’est pas tout à fait au rendez-vous. La fondation Nicolas Hulot et l’association France Nature Environnement ont établi une liste de dix principes pour « une loi de protection de la santé et de l’environnement ». Sur la question des OGM, l’Alliance pour la planète, qui rassemble 80 associations, demande un moratoire immédiat. Parmi elles, Greeenpeace, qui vient de révéler l’existence de champs OGM non répertoriés par le ministère de l’Agriculture, dans le canton de Samatan (Gers). « Notre position sur les OGM est assez claire : on ne peut les autoriser actuellement qu’en confinage, déclare Magali Ringoot, responsable du secteur OGM de l’association. Dès qu’ils sont utilisés en plein champs, leur propagation est incontrôlable. Il ne sert donc à rien de tenir les registres, comme le fait actuellement l’État. Les OGM peuvent se diffuser non seulement par pollinisation, mais aussi pendant les semences ou par les moyens de transport et les lieux de stockage. » Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, de l’Aménagement et du Développement durable, semble pour l’instant très conciliant sur le sujet, à entendre ses dernières déclarations. Le 5 septembre, il annonça : « Nous aurons un accord global sur les OGM. » Puis il lança la création d’une Haute Autorité sur les OGM, dont le travail se fera « dans une transparence totale et responsable ». Déclaration dont Greenpeace se satisfait : « C’est par le secret que les OGM se sont imposés, commente Magali Ringoot. Le ministère de l’Agriculture conserve de nombreux documents secrets. Et les déclarations de Jean-Louis Borloo confirment à leur façon qu’avant la création de cette Haute Autorité, il n’y avait pas de transparence. Il faut sortir de la loi du silence. »

 

Commentaires

article intéressant malgré quelque contre vérité quand il affirme "nous n’avons
pas de voisin à moins de sept kilomètres. Nous n’avions donc pas
besoin de prévenir qui que ce soit. " nous nous avons répertorier dans se
périmètre au moins deux agriculteurs BIO et deux apiculteurs sans parlé des
agriculteurs qui sont en AOC volaille de Bresse
et que le "MON 810" ne permet pas de lutter contre les mycotoxines comme
affirme Mrs Pomat
les mycotoxines sont dû a un champignon, le Fusarium. certes il se développe
plus quand il y a de la Pyrale mais il y d'autre moyen de lutter contre la
pyrale. Mais il se développe surtout a cause de l'humidité sur des maïs
récolté après le 15 octobre , donc quand on veux se prémunir des mycotoxines
on met des variétés plus précoce qui murisse avant cette date et quand il y
a des mycotoxines dans le maïs il ne faut pas le stocké comme le fond Mrs
Pomat en "maïs humide" car le Fusarium continus de se développé dans le silo
de stockage

Écrit par : Boinon Gérard | 19/09/2007

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