Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/07/2009

Même des médecins américain conseillent d’éviter de consommer des OGM

 

Sentient Times, Jeffrey M Smith, 22 juillet 2009

 

      L'American Academy of Environmental Medicine affirme que « les aliments génétiquement modifiés n'ont pas été convenablement testés et présentent de grave risques de santé. Il y a plus qu’une simple association fortuite entre les aliments génétiquement modifiés et les effets néfastes sur la santé. Il y a un lien de causalité. »

 

      En mai dernier, l'American Academy of Environmental Medicine (AAEM) a appelé les « médecins à aviser leurs patients, la communauté médicale, et le public d’éviter dans la mesure du possible toute nourriture génétiquement modifiée et fournir des arguments éducatifs sur les OGM et leurs risques pour la santé. » Ils ont appelé à un moratoire sur les OGM, à des études indépendantes de longue durée, et à l'étiquetage.

 

      La monographie de l’AAEM indique : « Plusieurs études sur animaux montrent de graves risques de santé liés aux denrées alimentaires génétiquement modifiées, » notamment d'infertilité, d’immunité, de vieillissement accéléré, de régulation insulinique, et d’altérations des principaux organes et du système gastro-intestinal. Elle conclut : « Il y a plus qu’une simple association fortuite entre les aliments génétiquement modifiés et les effets néfastes sur la santé. Il y a un lien de causalité, » comme le définissent des critères scientifiques reconnus. « La forte association et concordance entre aliments génétiquement modifiés et maladie est confirmée par plusieurs études sur animaux. »

 

      De plus en plus de médecins prescrivent déjà un régime alimentaire sans OGM. Le Dr Amy Dean, un spécialiste en médecine interne du Michigan, et membre du conseil de l’AAEM signale : « Je conseille vivement à mes patients de manger strictement des aliments non génétiquement modifiés. » John Boyles, un médecin allergologue de l’Ohio, déclare : « J’utilisais tout le temps le test pour les allergies au soja, mais maintenant que le soja est génétiquement modifié, il est si dangereux que je dis aux gens de ne jamais en manger. »

 

      La Doctoresse Jennifer Armstrong, présidente de AAEM, affirme que, « Les médecins voient sans doute les effets sur leurs patients, mais ont besoin connaître quelles sont les bonnes questions à poser. » Pushpa M. Bhargava, un biologiste de renommée mondiale, va encore plus loin. Après avoir examiné plus de 600 revues scientifiques, il conclut que les OGM sont l’un des principaux responsables de la forte détérioration de la santé des Étasuniens.

 

      Dans la population, le biologiste David Schubert du Salk Institute prévient que « les enfants sont les plus susceptibles d'être affectés négativement par les toxiques et les autres problèmes alimentaires » liés aux OGM. Il dit que, sans étude adéquate, les enfants sont transformés en « cobayes. »

 

      La réalité de l'expérimentation sur animaux nourris avec des OGM est effrayante. Quand du soja génétiquement modifié (GM) sert à nourrir des rates, la plupart de leurs rejetons meurent dans les trois semaines, comparativement au taux de mortalité de 10% dans le groupe témoin nourri avec du soja naturel. Les petits nourris avec des OGM sont aussi plus petits, et ils ont plus tard des problèmes de fertilité.

 

      En fait, chez les rats nourris avec du soja GM, la couleur des testicules est changée de rose naturel à bleu foncé. Les souris nourris avec du soja GM ont leur jeune sperme altéré. Même les embryons des souris mères nourries avec des OGM ont leur ADN profondément altéré. Dans une étude du gouvernement autrichien, les souris nourries avec du maïs GM avaient moins de rejetons, et ils étaient aussi plus petits que la normale.

 

      Les problèmes de reproduction accablent aussi le bétail. Des investigations dans l'État de Haryana, en Inde, ont révélé que la plupart des buffles qui ont mangé des graines de coton GM ont des complications du style accouchement prématuré, avortement, stérilité, et utérus prolabé (déplacé vers le bas). Beaucoup de veaux sont morts. Aux États-Unis, environ deux douzaines de fermiers ont signalé que des milliers de porcs sont devenus stériles après avoir consommé certaines variétés de maïs GM. Certaines truies ont fait une grossesse nerveuse (false pregnancies), d'autres ont accouché de poches d'eau. Des vaches et des taureaux sont aussi devenues stériles après avoir été nourris avec le même maïs.


Aliment conçu pour produire des poisons

 

      Le maïs et le coton GM sont conçus pour produire leur propre pesticide, sécrété par chaque cellule. Lorsqu’un insecte mord la plante, le poison lui délabre l’estomac et le tue. Les compagnies de biotechnologie prétendent que le pesticide, appelé Bt (produit à partir de la bactérie du sol Bacillus thuringiensis), a une tradition d'utilisation sûre, car les agriculteurs biologiques et les autres utilisent la bactérie Bt en pulvérisation pour contenir naturellement les insectes.

 

      Pourtant, dans les plantes GM, la toxine Bt produite est des milliers de fois plus concentrée que la Bt naturelle des aérosols, est conçue pour être plus toxique, a les propriétés d'un allergène, et, contrairement celle de l'aérosol, les plantes ne peuvent pas s’en débarrasser.

 

      Et par-dessus tout ça, des études confirment que même les aérosols bactériens naturels moins toxiques sont nocifs. Quand ils ont été dispersés par avion pour tuer la lymantride spongieuse dans le nord-ouest du Pacifique, environ 500 personnes ont signalé une allergie ou des symptômes semblables à ceux de la grippe. Certains ont dû aller aux urgences. Les symptômes sont exactement les mêmes que ceux rapportés actuellement par les travailleurs agricoles, partout en Inde où on manipule du coton Bt. En 2008, se basant sur des dossiers médicaux, le Sunday India a rapporté, « Les victimes de démangeaisons ont augmenté énormément cette année... dans l'agriculture liée au coton Bt. »

 

      L’American Academy of Environmental Medicine déclare, « De multiples études animales montrent un important dérèglement immunitaire, » notamment l’augmentation des cytokines, qui sont « associée à l'asthme, à l'allergie et aux inflammations, » tous en hausse aux États-Unis.

 

      Selon le Dr Arpad Pusztai, expert en sécurité sur les OGM, les changements dans la condition immunitaire des animaux sont « une particularité constante dans toute étude sur les OGM. » Même les propres recherches de Monsanto ont montré d'importantes modifications dans le système immunitaire des rats nourris avec du maïs Bt. Une étude de novembre 2008, conduite par le gouvernement italien, a également constaté une réaction immunitaire des souris au maïs Bt.

 

      Le soja et le maïs GM contiennent chacun deux nouvelles protéines dotées de propriétés allergéniques, le soja GM a jusqu'à sept fois plus d’inhibiteur de trypsine, un allergène connu du soja, et les tests par piqûre de la peau montrent que certaines personnes réagissent au soja GM, mais pas au soja non GM. Peu après l’introduction du soja GM au Royaume-Uni, les allergies au soja ont explosé de 50%. Peut-être que l'épidémie d'allergies alimentaires et d'asthme aux États-Unis est un accident de la manipulation génétique.

 

      En Inde, les animaux paissent sur les plantations de coton après récolte. Mais quand les bergers ont laissé les moutons paître sur des plantations de coton Bt, des milliers sont morts. Les autopsies ont révélé une grave irritation et des taches noires à la fois dans les intestins et dans le foie (ainsi que les voies biliaires élargies). Les enquêteurs ont déclaré que les premiers indices « suggèrent fortement que la mortalité des moutons est due à une toxine, très probablement à la toxine Bt. » Lors d’une petite étude de longue durée de la Deccan Development Society, tous les moutons nourris avec des plants de coton Bt sont morts dans les 30 jours, ceux qui pâturaient sur des plantations de coton naturel sont restés en bonne santé.

 

      Dans un petit village de l'Andhra Pradesh, les buffles ont pâturé sur des plantations de coton pendant huit ans sans problème. Le 3 janvier 2008, les buffles ont pâturé sur les plantations de coton Bt pour la première fois. Le lendemain, les 13 étaient tous malades ; tous sont morts en 3 jours. Le maïs Bt a aussi été impliqué dans la mort de vaches en Allemagne, et de chevaux, de buffles et de poulets dans les Philippines.

 

      Dans des études de laboratoire, deux fois quantité de poulets nourris avec du maïs Liberty Link sont morts ; 7 des 20 rats nourris avec une tomate GM ont manifesté des saignements stomacaux ; dans une autre, 7 sur 40 sont morts en deux semaines. Selon GE Seralini, un grand toxicologue français, une propre étude de Monsanto a montré des signes d'intoxication dans les principaux organes des rats nourris avec du maïs Bt.


La pire trouvaille de toutes : Les OGM demeurent en nous

 

      La seule étude publiée sur l'alimentation humaine a révélé ce qui pourrait être le plus dangereux problème des OGM. Le gène inséré dans le soja GM se transfère dans l'ADN des bactéries qui vivent dans nos intestins et continue sa fonction. Cela signifie que, longtemps après avoir arrêté de manger des OGM, des protéines GM potentiellement dangereuses peuvent encore être produites sans cesse à l'intérieur de nous. Dit plus simplement, manger une croustille de maïs, produite à partir de maïs Bt, peut, peut-être pour le reste de notre vie, transformer les bactéries vivant dans nos intestins en fabriques de pesticides.

 

      Quand la preuve du transfert des gènes est rapportée lors de conférences médicales aux Etats-Unis, les médecins réagissent souvent en faisant allusion à la très forte augmentation de problèmes gastro-intestinaux chez les patients au cours de la dernière décennie. Les aliments GM pourraient être en train de coloniser la flore intestinale des Nord-Américains.

 

      Les scientifiques de la Food and Drug Administration (FDA) avait avisé de tous ces problèmes dès le début des années 90. Selon des documents rendus publics lors d'un procès, le consensus scientifique à l'agence était que les OGM sont dangereux par nature, et risquent de créer des allergies, des empoisonnements, des transferts de gènes vers les bactéries intestinales, de nouvelles maladies, et des problèmes nutritionnels difficiles à détecter. Ils ont vivement conseillé à leurs supérieurs d'exiger des tests de longue durée rigoureux. Mais la Maison Blanche a ordonné à l’agence de promouvoir la biotechnologie, et la FDA a réagi en recrutant Michael Taylor, l'ancien conseiller juridique de Monsanto, à la tête de la formation sur la politique des OGM. Cette politique, qui est en vigueur aujourd'hui, refuse de reconnaître les inquiétudes des scientifiques et déclare qu'aucune étude de sécurité n’est nécessaire pour les OGM. C’est à Monsanto et aux autres compagnies de biotechnologie de déterminer si leurs aliments sont sans danger. M. Taylor est devenu plus tard vice président de Monsanto.

 

      L’American Academy of Environmental Medicine déclare, « Les aliments GM n'ont pas été convenablement testés » et « présentent un grave risque pour la santé. » Pas un seul essai clinique humain sur les OGM n’a été publié. En 2007, un examen de la littérature scientifique publiée sur les « effets toxiques potentiels et les risques pour la santé des plantes génétiquement modifiées, » a révélé que « les données expérimentales sont très rares. » L'auteur conclut son examen en demandant : « Où est la preuve scientifique démontrant l’innocuité toxicologique des plantes et des aliments GM, comme cela est supposé par les compagnies de biotechnologie ? »

 

      Le célèbre généticien canadien David Suzuki répond : « Les expériences n'ont tout simplement pas été faites et nous devons devenir maintenant des cobayes. » Il ajoute : « À toute personne affirmant : "Oh, nous savons que c’est parfaitement sûr", je dis qu’il est soit incroyablement stupide, soit qu’il ment délibérément. »

 

      Le Dr Schubert fait remarquer, « S'il y a quelque problème, il ne sera probablement jamais connu, car on ne pourra pas remonter à sa cause et de nombreuses maladies prennent beaucoup de temps à se développer. » Si les OGM produisaient un effet immédiat et des symptômes cuisants avec une signature unique, peut-être aurions-nous une chance de remonter à la cause.

 

      C'est précisément ce qui est arrivé lors d'une épidémie aux États-Unis à la fin des années 80. La maladie avait une action rapide, mortelle, et provoquait un changement mesurable dans le sang, mais il a fallu plus de quatre ans avant d’identifier l’épidémie en train de sévir. Elle tua jusque-là environ cent Étasuniens et fit tomber malade ou handicapa cinq à dix mille personnes. Elle fut provoquée par une sorte particulière de complément alimentaire du génie génétique, appelé L-tryptophane.

 

      Si d'autres aliments GM contribuent à accroître l'autisme, l'obésité, le diabète, l'asthme, le cancer, les maladies cardiaques, les allergies, la stérilité, ou tout autre problème de santé dont souffre les Étasuniens, nous ne pourrons jamais le savoir. En fait, puisque les animaux nourris avec des OGM ont beaucoup de problèmes divers, les gens sensibles peuvent réagir aux aliments génétiquement modifiés par de multiples symptômes. Il est par conséquent révélateur que, dans les neuf premières années après l'introduction des cultures GM à grande échelle en 1996, l'incidence des gens ayant trois maladies chroniques ou plus a presque doublé, passant de 7% à 13%.

 

      Pour aider à déterminer si les OGM sont à l'origine de dommages, l’AAEM demande à ses « membres, à la communauté médicale, et à la communauté scientifique indépendante de rassembler les études des cas éventuellement liés à la consommation des OGM et à leurs effets sur la santé, de commencer des recherches épidémiologiques pour étudier le rôle des OGM sur la santé humaine, et de mettre en œuvre des méthodes de sécurité pour déterminer les effets des OGM sur la santé humaine. »

 

      Les citoyens n'ont pas besoin de l’avis des médecins pour éviter les OGM. Les gens peuvent se tenir à l'écart de tout ce qui contient des produits dérivés du soja et du maïs, de l'huile de coton et de colza, et du sucre de betteraves GM, à moins qu’ils soient dits organiques ou « sans OGM. »

 

      Même si seulement un petit pourcentage de gens choisissent des marques sans OGM, l'industrie alimentaire réagira sans doute comme elle l’a fait en Europe, en supprimant tous les ingrédients GM. Ainsi, la prescription sans OGM de l'American Academy of Environmental Medicine pourrait devenir un tournant dans l’alimentation aux États-Unis.


      Jeffrey M. Smith, le directeur exécutif de l'Institute for Responsible Technology, est le principal interprète sur les dangers sanitaires des OGM. Son premier livre [traduit en français], Semences de tromperies est un best-seller mondial sur le sujet. Son second livre, Genetic Roulette: The Documented Health Risks of Genetically Engineered Foods, identifie 65 dangers potentiels des OGM et démontre à quel point les approbations gouvernementales sont superficielle et incompétentes pour la plupart d'entre eux. Il a invité la biotechnologie à répondre par écrit, avec des preuves allant à l’encontre de chaque danger, mais a prédit avec justesse qu'elle refuserait, puisqu’elles ne disposent d’aucune donnée démontrant l’innocuité de ses produits. :
environmentalmed@yahoo.com
www.aaemonline.org


Original : www.sentienttimes.com/09/June_July_09/doctors.html
Traduction libre de Pétrus Lombard pour Alter Info


American Academy of Environmental Medicine

12/07/2009

Le défi du partage équitable des semences agricoles

En un siècle, les trois quarts de la diversité des plantes cultivées
se sont volatilisés. Sur les quelque dix mille plantes vivrières ayant
nourri l'humanité, 150 sont encore cultivées et une douzaine procure
80 % de l'alimentation végétale mondiale. A eux seuls, le riz, le blé,
le maïs et la pomme de terre couvrent 60 % de ces besoins. Cette
érosion de la diversité génétique, dans un monde toujours plus peuplé
et menacé par le réchauffement climatique, constitue un risque
alimentaire : peut-on se permettre de laisser disparaître des espèces
résistantes à la sécheresse, ou des variétés rustiques, robustes vis-à-
vis de maladies et d'insectes qui pourraient un jour anéantir les
plantes vedettes des systèmes de monoculture ?
Sur le même sujet
L'ONU célèbre la pomme de terre - ce tubercule aux nombreuses variétés.
Reportage Au Pérou, un centre spécialisé met 4 000 variétés de pommes
de terre à la disposition du monde entier

Pour tenter de sauvegarder cette biodiversité, le Traité international
sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et
l'agriculture prévoit la mise en place d'un système de conservation et
d'échange multilatéral des semences. Il vise un partage équitable des
bénéfices tirés de l'exploitation de ces ressources végétales entre le
Sud, où se trouve la biodiversité, et le Nord, où les semenciers
peuvent en tirer profit. Mais le mécanisme de ce traité, adopté en
2001 sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), peine à se mettre en place.

La troisième session de l'organe directeur du Traité, qui s'est
déroulée en juin à Tunis, a bien failli tourner court, en raison de
divergences de vues entre pays du Nord et du Sud, mais a finalement
permis quelques avancées. Les 121 Etats membres du Traité sont tombés
d'accord sur la création d'un fonds visant à encourager la
conservation "en champ" de semences dans les pays en développement et
la recherche de variétés résistantes à la sécheresse et aux maladies.

Ce fonds devrait disposer de 116 millions de dollars (84 millions
d'euros) d'ici à 2014. Il est destiné à "faire la soudure" avec les
revenus attendus du mécanisme du Traité : celui-ci prévoit en effet
que 1,1 % des ventes de semences issues du système d'échange
multilatéral doivent revenir au fonds, qui redistribue ensuite les
sommes à des projets de conservation des semences. Or il faut souvent
plusieurs années avant que la sélection d'une semence débouche sur une
variété commerciale. Le Traité était donc au point mort : les pays du
Sud hésitaient à partager leur patrimoine génétique, en échange d'une
rétribution hypothétique.

Pour Guy Kastler (Confédération paysanne), qui représentait, à Tunis,
Via Campesina, un rassemblement international d'organisations
paysannes, ce fonds "ne résout que provisoirement la question
financière : le secrétariat reste soumis à la bonne volonté des Etats,
qui maintiennent le Traité sous perfusion". La réunion de Tunis a
cependant permis de retenir onze projets dans les pays du Sud, qui
vont bénéficier chacun de 50 000 dollars (36 000 euros). "Ce sont des
projets très intéressants, notamment celui du Pérou, note M. Kastler.
Mais les sommes allouées bénéficient souvent aux universités qui les
pilotent. Nous aurions préféré qu'elles aident directement les paysans."

A Tunis, plusieurs nouvelles collections de semences ont été associées
au système multilatéral : l'Europe partagera 230 000 échantillons et
le semencier français Promaïs va aussi mettre ses 2 500 variétés à
l'échange. "La France est la première à proposer une collection privée
au Traité", se félicite François Burgaud, du Groupement national
interprofessionnel des semences (GNIS), qui faisait partie de la
délégation française.

"La collection Promaïs est à l'origine une collection de l'Institut
national de la recherche agronomique (INRA), un institut public. Et
ces ressources étaient déjà accessibles", tempère M. Kastler, qui
regrette que la délégation française ait fait place aux semenciers
"mais pas aux paysans".

La position de la France vis-à-vis du Traité reste ambiguë. Elle n'a
pas encore versé un centime dans le fonds ni ratifié les autorisations
de transfert de matériel génétique prévues par le Traité. Elle ne
reconnaît pas certains droits des paysans sur leurs semences de ferme
et hésite encore sur le statut juridique à donner aux semences en
général.

Le "Traité des graines" est pourtant stratégique pour la France : son
industrie semencière - la deuxième du monde - n'est pas suffisamment
solide dans les nouveaux rapports de force induits par la Convention
sur la diversité biologique (1993), qui place les ressources
biologiques sous la juridiction des Etats nationaux. Les pays à forte
biodiversité, au Sud, peuvent désormais faire monter les enchères vis-
à-vis des pays du Nord. Cela vaut pour les cosmétiques, les
agrocarburants, la pharmacie et, bien sûr, l'agriculture.

Les Etats-Unis, qui sont rompus aux bras de fer bilatéraux, tout
comme, côté Sud, les géants brésiliens et chinois, n'ont pas signé le
"Traité des semences", pas plus que le Japon. Et le soja, la canne à
sucre, l'huile de palme et l'arachide ont été exclus des plantes
échangées au sein du Traité.

Les choses pourraient cependant évoluer. "L'administration américaine
a fait un pas auprès du Sénat pour ratifier le Traité, indique Clive
Stannard, conseiller spécial du secrétariat du Traité. Il est vrai que
son industrie est demandeuse de plus de sûreté légale : elle ne veut
pas se trouver accusée d'avoir volé des gènes." Or le Traité des
semences doit en principe éviter de tels litiges : il prévoit un
système de traçabilité des ressources, avec la FAO en arbitre. "Ce
traité offre un modèle de tutelle sur un bien public international,
tout en respectant les règles du marché, résume M. Stannard. On
invente pièce par pièce quelque chose qui n'a jamais été fait."
Hervé Morin

LE MONDE | 08.07.09
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/07/08/le-defi-...