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30/08/2007

Le Progrès : un collectif inquiet pour l'AOC Volaille de Bresse

Article du progrès du 30 août 2007 

Culture OGM : un collectif inquiet pour l'AOC Volaille de Bresse 

Le collectif « OGM non merci ! » a écrit au président du comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB), Georges Blanc, pour lui demander sa position sur la culture de maïs transgénique au cœur de la zone AOC.

 

« Le 4 juillet dernier, le ministère de l'Agriculture a rendu public le registre des cultures OGM commercialisables.
Ce registre fait état de la culture de 135 hectares de maïs OGM dans l'Ain, au cœur de la zone de l'AOCBresse.
Or le cahier des charges de la volaille de Bresse impose une part de maïs dans la ration alimentaire des
volailles, » explique le collectif.

Il demande notamment à Georges Blanc s'il ne craint pas que cela ternisse l'image de l'AOC et si le comité inter-professionnel a « prévu de prendre des mesures particulières pour garantir l'absence d'OGM dans l'alimentation des volailles de Bresse » : « Comment comprenez-vous qu'il n'y ait pas eu de concertation sur les risques que représente pour la filière la mise en culture d'OGM à grande échelle dans sa zone de production ? ». Le collectif veut également « inscrire dans le cahier des charges du CIVB, puisque ce n'est pas encore le cas, l'interdiction d'une alimentation issue directement ou indirectement d'OGM tout au long de la vie des volailles de Bresse ». 

Premières parcelles OGM du département de l’Ain localisées

Le collectif OGM Non Merci ! 01 s’est fixé comme objectifs d’informer la population sur la localisation des cultures OGM et sur leurs conséquences, environnementales, économiques  et sanitaires.

Depuis le mois de juillet, nous communiquons sur les risques liés à la dissémination d’OGM producteurs de toxine insecticide lors de nos réunions d’information publiques. Nos recherches, menées en parallèle, nous permettent aujourd’hui d’affirmer la présence de maïs OGM Monsanto810 sur la commune de Pirajoux au lieu-dit la Tournelle, parcelles ensemencées par le G.A.E.C. « La Tournelle » sur une surface proche de la totalité des parcelles déclarées sur le canton de Coligny (50 ha environ).

Ces cultures OGM risquent de contaminer, par leurs pollens, les maïs traditionnels, entraînant des conséquences économiques dramatiques pour la filière de qualité située sur la commune : un agriculteur biologique, plusieurs producteurs laitiers en A.O.C. Comté et un apiculteur qui seront alors dans l’impossibilité de vendre leurs productions.

Au cas où des contaminations non souhaitées seraient constatées, le Conseil Régional a annoncé qu’il soutiendra les victimes de ces pollutions par la prise en charge des frais de justice engagés pour obtenir réparation.

Nos recherches se poursuivent. Des analyses sont en cours. Nous serons prochainement en mesure d’annoncer la localisation d’autres sites de cultures OGM dans la Bresse.

 

Le Collectif OGM NON MERCI !

 

 

 
Contact : Gérard Boinon 06.77.25.22.10

Lettre ouverte à Georges Blanc, président du CIVB

 

A l’intention de M. Georges Blanc,

Président du Comité Interprofessionnel de la Volaille de Bresse

Copie : M. Pierre Bernard, Vice Président du CIVB, M. Christophe Boucault, Directeur du CIVB, éleveurs de volailles de Bresse du département de l’Ain et médias du département

 

Monsieur,

 

Le 4 juillet dernier le ministère de l’agriculture a rendu public le registre des cultures OGM commercialisables. Ce registre fait état de la culture de 135 ha de maïs OGM dans l’Ain, au cœur de la zone de l’AOC Bresse, AOC dont l’une des particularités est d’imposer une part de maïs dans la ration alimentaire des volailles.

Nous, associations de consommateurs, apiculteurs, agriculteurs conventionnels ou respectant des chartes qualité (Agriculture Biologique, labels, produits fermiers, Appellations d’Origines Contrôlées "Comté" et "Bresse", …), associations de défense de l’environnement et simples citoyens consommateurs souhaitons interroger les responsables de l’AOC « volaille de Bresse » au sujet de la compatibilité d’une production d’excellence telle que la volaille de Bresse avec la présence d’OGM dans sa zone de production :

- Ne craignez-vous pas qu’une association d’idée dommageable prenne forme dans l’esprit des consommateurs entre les termes « volaille de Bresse » et « OGM » à l’heure où les sondages rapportent que 86 % des citoyennes et des citoyens français sont opposés à leur production et à leur consommation ?

- Comment comprenez-vous qu’il n’y ait pas eu de concertation sur les risques que représente pour la filière Volaille de Bresse la mise en culture d’OGM à grande échelle dans sa zone de production ?

- Avez-vous prévu de prendre des mesures particulières pour garantir l’absence d’OGM dans l’alimentation des volailles de Bresse ? Des précautions sont-elles par exemple définies pour assurer la séparation des récoltes et éviter que des grains OGM soient mélangés aux récoltes conventionnelles qui entrent dans leur alimentation ?

- Allez vous exiger la localisation précise des cultures OGM afin de permettre à l’avenir aux éleveurs en AOC Bresse d’éviter de planter leur maïs à proximité pour diminuer le risque de le voir contaminé par le pollen OGM ?

 

Le collectif OGM non merci ! considère la volaille de Bresse comme l’un des fleurons de la gastronomie française. La réputation de ce produit d’exception est internationale. Elle est le fruit d’un terroir, c’est-à-dire d’un agrosystème et de savoirs-faire spécifiques. Elle constitue donc un héritage commun unique. Nous estimons impératif d’inscrire dans le cahier des charges du CIVB, puisque ce n’est pas encore le cas, l’interdiction d’une alimentation issue directement ou indirectement d’OGM tout au long de la vie des volailles de Bresse.

Nous sommes prêts à vous soutenir dans l’affirmation de cette exigence pour sauvegarder l’image de marque des produits des éleveurs de l’AOC. Seule cette exigence pourra, selon nous, maintenir leur succès auprès des consommateurs et préserver le produit phare de l’identité et de la culture Bressane dont vous avez la responsabilité.

La filière est face à un risque majeur. Sans mesures strictes et claires, il sera possible de trouver bientôt chez les volaillers des poulets de Bresse nourris au Monsanto810 et à sa toxine insecticide Bt.

Certains que vous accepterez de répondre à nos interrogations et que vous saurez apprécier notre volonté d’assurer l’avenir économique de l’AOC, nous vous prions de recevoir, monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées.

 

Le Collectif OGM NON MERCI !

 

Collectif OGM non merci !

Blog : http://ogmnonmerci01.hautetfort.com/

e-mail : Ogm-non-merci@hotmail.fr

Relais du collectif  :
Eliane Cotton : 04 74 51 36 75
Bastien Oustry : 04 74 51 72 85

 

 

Lettre aux éleveurs de volaille de Bresse

 Madame, Monsieur,

 

Nous interpellons par voie de presse, aujourd’hui, vos représentants à la tête du Comité Interprofessionnel de la Volaille de Bresse. Cette lettre ouverte a pour objet d’exprimer aux responsables de l’AOC « volailles de Bresse » les craintes et les doutes des consommateurs liés au risque de voir des OGM entrer dans l’alimentation des volailles qui jusqu’ici, grâce à l’AOC, sont identifiées comme ce que le marché a de meilleur à offrir.

Nous espérons ainsi pouvoir contribuer à doter l’AOC des garanties nécessaires pour préserver son image aux yeux des consommateurs et son exception :

- Par l’inscription dans le cahier des charges de l’AOC de l’interdiction des OGM dans l’alimentation des volailles consolidée par des clauses prévoyant le contrôle de l’absence d’OGM dans tous les constituants de la ration (l’expérience des dernières modifications du cahier des charges de l’AOC Comté pourrait fournir à cet égard une référence très utile)

- Par des démarches conjointes des professionnels et des consommateurs auprès des pouvoirs publics et des élus pour organiser la préservation de la zone de l’AOC Volailles de Bresse de tout ensemencement par des OGM.

L’AOC volailles de Bresse pourra seulement avec de telles mesures lever la suspicion que viennent de jeter sur elle les OGM semés dans le départements et dont elle n’avait vraiment pas besoin.

Certains que vous serez sensible à notre volonté de soutenir une production pour laquelle vous engagez chaque jour votre expertise et votre volonté de répondre à la plus haute exigence des consommateurs, nous vous prions de recevoir, Madame, Monsieur, l’expression, de toute notre considération.

 

Le collectif « OGM non merci ! »

 

Collectif OGM non merci !

 

blog : http://ogmnonmerci01.hautetfort.com/

e-mail : Ogm-non-merci@hotmail.fr

Relais du collectif  :
Eliane Cotton : 04 74 51 36 75

Bastien Oustry : 04 74 51 72 85

 

28/08/2007

Les OGM, un choix de politique agricole,

par Hervé Kempf (Le Monde, 22 août 2007)

Une fois encore, l'été aura été dominé, sur le terrain environnemental, par la question des OGM. La polémique a été nourrie par les actions des Faucheurs volontaires en réponse à la multiplication des cultures transgéniques (plus de 20 000 hectares de maïs cette année). Elle a pris un tour dramatique quand un agriculteur du Lot, Claude Lagorse, qui cultivait en secret une parcelle de maïs transgénique, s'est suicidé la veille d'une manifestation prévue le 5 août dans son village de Girac par les anti-OGM. Rien ne permet d'attribuer ce drame à la question des OGM. Mais le retentissement qu'il a eu témoigne de la charge émotionnelle dont est devenu porteur le dossier.

Les Faucheurs volontaires ont poursuivi leurs actions, en cherchant, non pas à vandaliser les champs transgéniques, mais à prélever symboliquement des épis. Cependant, des personnes anonymes ont plusieurs fois détruit les parcelles de cultures de maïs génétiquement modifié. Inversement, des expérimentations menées par des agriculteurs biologiques, et visant à mesurer la contamination due aux OGM, ont été détruites, là aussi de façon anonyme.

Une partie du monde agricole a, de surcroît, manifesté son énervement : on a ainsi entendu Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, qualifier le 9 août d'"obscurantisme" la position des opposants aux OGM, la plate-forme des industries semencières a employé le même terme dans un communiqué du 24 juillet, et un autre responsable de la FNSEA, Dominique Barrau a parlé de "tribu africaine" à propos des Faucheurs.

De telles paroles ne risquent pas d'apaiser le débat. Mais elles paraissent à contre-courant d'une réalité qu'expriment les Faucheurs volontaires, quoi qu'on pense de la validité de leurs méthodes, ainsi que la Confédération paysanne, qui fêtait, les samedi 18 et dimanche 19 août, son 20e anniversaire : le refus par la société de se voir imposer des OGM dont elle ne voit pas l'utilité. Cette réalité est bien ressentie par les responsables politiques : les Faucheurs ont gagné une reconnaissance officielle en étant reçus, le 31 juillet, par la secrétaire d'Etat à l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. De son côté, l'Association des régions de France, qui représente les exécutifs régionaux, presque tous socialistes, a réaffirmé de manière vigoureuse, début juillet, son refus de voir les cultures d'OGM " imposées en force, sans la moindre consultation".

La question des OGM pourrait d'ailleurs prendre un tour politique plus large, en menaçant le bon déroulement du Grenelle de l'environnement. Au moyen de cette série de réunions avec les associations et les groupes professionnels, le gouvernement entend relancer la politique environnementale, tombée en jachère sous l'équipe précédente. Mais José Bové, la figure la plus visible des opposants aux OGM, reste susceptible d'être emprisonné d'un jour à l'autre pour de précédentes actions des Faucheurs volontaires. De surcroît, ayant prélevé un épi de maïs, le 5 août, à Murviels-lès-Béziers (Hérault), au milieu de deux cents autres manifestants, il s'attend à être convoqué à la gendarmerie de Béziers. Son incarcération - à laquelle il entend donner le plus grand éclat en menaçant d'entamer une grève de la faim - conduirait sans doute plusieurs des plus importantes associations à quitter le Grenelle, ruinant ainsi la crédibilité de celui-ci. Cependant, laisser M. Bové en liberté pourrait apparaître comme une confirmation supplémentaire de la légitimité de son action.

La situation ne serait pas devenue aussi inextricable si les gouvernements successifs n'avaient pas laissé, depuis des années, la situation s'envenimer. En n'imposant pas une procédure d'information des agriculteurs voisins en cas de cultures transgéniques ; en se retranchant en permanence derrière les avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dont la neutralité scientifique est de plus en plus mise en doute ; en n'abordant pas de front la question de la coexistence entre agriculture transgénique et non transgénique ; en passant en catimini un décret - quelques jours avant les dernières élections nationales - permettant les cultures, alors que la loi qui devait le faire n'avait pu être discutée par le Parlement, les gouvernements ont agi de manière qu'il faut bien appeler hypocrite : laisser se développer les cultures OGM, sans jamais donner l'impression à une opinion publique très réticente qu'on les autorisait franchement.

EVENTUELS AVANTAGES

Cette attitude tranche singulièrement avec celle du gouvernement britannique : affichant clairement sa faveur pour les OGM, il a cependant su développer des expertises indépendantes et un débat public réellement ouvert. La situation a ainsi été dénouée - au détriment, certes, des cultures transgéniques.

La complication du dossier des OGM - incertitude quant à leurs éventuels avantages, leur éventuelle nocivité, leur réel intérêt économique - ne facilite pas la décision. Mais il est, en même temps, de plus en plus clair que la question transgénique symbolise le choix plus large d'une politique agricole. Soit une agriculture industrielle, fortement intégrée à l'industrie agroalimentaire, menée par un nombre restreint d'exploitants très performants - et les OGM rentrent dans ce cadre. Soit une agriculture moins intensive, cherchant davantage la qualité que la quantité, soucieuse du respect de l'environnement et de la santé, mais visant aussi à créer des emplois directs - et les OGM sont hors concours.

Refuser de trancher sur la question transgénique tout en les laissant s'imposer - et contaminer toute l'agriculture, affirment leurs opposants -, c'est de facto privilégier l'agriculture industrielle, c'est-à-dire le modèle hypersubventionné et polluant dont on voit aujourd'hui les limites. Il est significatif que la prudente Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), dans un rapport publié en mai, ait pris position en faveur de l'agriculture biologique. Faisant la synthèse des études scientifiques, la FAO écrivait : "L'agriculture biologique a le potentiel de satisfaire la demande alimentaire mondiale, tout comme l'agriculture conventionnelle d'aujourd'hui, mais avec un impact mineur sur l'environnement."

La logique voudrait que l'on écoute les agronomes et que l'on aille vers ce type d'agriculture mieux acceptée par les citoyens, moins coûteuse pour la collectivité et plus créatrice d'emplois. Mais ce serait, sans doute, déplaire aux industries et se libérer de l'obsession de la mondialisation agricole qui, au vrai, se développe surtout, pour ce qui est de l'Europe, au moyen de subventions. C'est en tout cas à ce choix que conduit la persistante querelle des OGM.