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16/04/2008

Réponse de Charles de la Verpillière sur son blog

Voici la réponse de Charles de la Verpillière, que vous pouvez également lire sur son blog :

 Mon point de vue sur la loi relative aux OGM

            L’Assemblée nationale a adopté ce mercredi 9 avril, en première lecture, le projet de loi relatif aux organismes génétiquement modifiés. Pour ma part, j’ai voté pour. Voici les quatre principales raisons de mon vote :

 

            I -Tout d’abord, je peux vous assurer que mon vote n’a été dicté par aucune consigne partisane, et encore moins par un quelconque groupe de pression, qu’il soit pour ou contre : j’ai mis un point d’honneur à me forger ma propre conviction, sans a priori, sur un sujet qui ne m’était pas familier.

 

Ecoutant les uns et les autres, et lisant toutes les contributions, notamment les conclusions de l’intergroupe OGM du « Grenelle de l’environnement », j’ai d’abord fait un double constat :

 

1)   même si aucun danger pour la santé humaine n’a pu être démontré, les OGM créent en revanche un risque environnemental lié à la contamination des autres organismes. Le principe de précaution impose donc d’interdire toute dissémination qui ne serait pas strictement contrôlée et maîtrisée ;

 

2)   à l’inverse, il est tout aussi incontestable que les biotechnologies, dont les OGM sont  une application, peuvent être mises au service de l’homme et de l’environnement. C’est ainsi que les plantes résistant à certains parasites permettent de diminuer ou de supprimer l’utilisation des insecticides ou des fongicides ; les OGM apportent aussi une réponse à la question de l’alimentation d’une humanité en pleine expansion démographique grâce aux résultats obtenus et aux qualités nutritives (protéines, vitamines) ; certaines variétés de céréales OGM pourront même être cultivées  sur des sols salins ou très peu arrosés ; enfin, il ne faut pas négliger les applications médicales : 30 % des médicaments actuellement en cours de développement utilisent des biotechnologies.

 

 

Ce double constat m’a amené à la conclusion qu’une loi était nécessaire pour encadrer l’utilisation des OGM en France.

 

II - D’autres considérations militaient en ce sens :

 

1)   qu’on le veuille ou non, les OGM sont présents partout dans le monde : 114 millions d’hectares cultivés en 2007 ; l’alimentation du bétail français repose largement sur les sojas transgéniques importés ;

 

2)   la recherche publique française est handicapée par l’absence de cadre législatif et d’intérêt pour les biotechnologies, et par l’interdiction « de facto » des essais en plein champ. Il s’ensuit une fuite des cerveaux et, paradoxalement, le renforcement des grands groupes privés internationaux producteurs de semences (Monsanto, etc …) qui ont un monopole de fait sur la recherche appliquée et le dépôt des brevets ;

 

3)   enfin, notre pays a l’obligation de transposer en droit français les directives européennes traitant des OGM, notamment la directive 2001/18/CE. Adoptée alors que M. JOSPIN était premier ministre et Mme VOYNET ministre de l’environnement, cette directive a mis en place une procédure d’autorisation fondée sur une évaluation au cas par cas des risques pour la santé humaine et l’environnement avant toute dissémination dans l’environnement, que ce soit dans le cadre d’une expérimentation ou d’une mise sur le marché de produits génétiquement modifiés, de produits composés d’OGM ou en contenant.

 

 

          III - La loi qui vient d’être adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale me paraît répondre correctement aux préoccupations que je viens d’énumérer.

 

Voici ses principales dispositions :

 

1)   elle garantit à chacun « la liberté de consommer et de produire avec ou sans OGM, sans que cela nuise à l’intégrité de l’environnement et à la spécificité des cultures traditionnelles et de qualité » (article 1er) ;

 

2)   elle crée un « Haut conseil des biotechnologies » (article 2). Cet organisme, indépendant du gouvernement, composé d’un comité scientifique et d’un comité économique, éthique et social, pourra faire des propositions et rendra un avis sur les décisions des pouvoirs publics en matière d’OGM ;

 

3)   la mise en culture de plantes transgéniques devra respecter des conditions techniques, notamment relatives aux distances entre cultures, afin que la présence accidentelle d’OGM dans les autres productions soit toujours inférieure à un seuil fixé par la règlementation communautaire, actuellement de 0.9 % (art. 3) ;

 

4)   des sanctions pénales sont prévues à l’encontre de ceux qui ne respecteront pas ces conditions, mais aussi de ceux qui détruiront des cultures OGM autorisées (art. 4) ;

 

5)   en cas de contamination accidentelle, l’agriculteur sera responsable de plein droit, c’est-à-dire même s’il n’a pas commis de faute. Tout agriculteur mettant en culture un OGM a donc l’obligation de souscrire une assurance spéciale (art. 5) ;

 

6)   la loi crée les conditions d’une totale transparence. Aucune information ne pourra être dissimulée à la population : les avis et recommandations du Haut conseil des biotechnologies seront rendus publics, y compris les opinions divergentes de certains de ses membres ; un comité de surveillance biologique, dont les avis seront également publics, devra alerter le gouvernement en cas de risque ; il y aura un registre national, consultable sur internet, de toutes les parcelles cultivées en OGM ; dans le cas des expérimentations en plein champ, les maires pourront exiger l’organisation de réunions d’information (art. 6, 6 bis et 9).

 

     IV - La loi que je viens de résumer m’a paru équilibrée et raisonnable. C’est pourquoi je l’ai votée. J’ajoute que le débat n’est pas terminé ; une seconde lecture va maintenant avoir lieu au Sénat, puis à l’Assemblée nationale. Des améliorations pourront donc être encore apportées. Surtout, j’insiste sur un point : une loi, aussi bonne soit elle, ne fixe qu’un cadre général. C’est aux techniciens et aux scientifiques qu’il incombera ensuite de définir les mesures d’application qui permettront de respecter les grands principes fixés par la loi. Je pense par exemple aux conditions techniques pour éviter les contaminations entre les cultures.

Il y aura donc, très rapidement, de nouveaux rendez-vous pour évaluer les effets de la loi et apporter des corrections si c’est nécessaire.


14 avril 2008

13/04/2008

RV avec Charles de la Verpillière

ENTRETIEN DU 12 AVRIL 2008

AVEC CHARLES DE LA VERPILLIERE

 

Avec des membres du collectif OGM NON MERCI 01 :

4 personnes de l’Association ACER

1 personne des Alternatifs


CDLV (Charles de la Verpillière) nous indique qu’il connaît mal le sujet, mais qu’il s’est beaucoup documenté, qu’il n’avait pas d’à priori (?), qu’il respecte la décision de la Région (engagement d’une agriculture sans OGM) dans le cadre de ses missions (Contrat régional de développement, actions avec les intercommunalités).


Il nous a indiqué également :

  • qu’il existait un constat de risque environnemental (ce qui ne l’a pas empêché de voter pour),

  • que pour la santé humaine le risque n’était pas avéré. (aucune recherche épidémiologique n’a été lancée, alors que depuis plus de dix ans des céréales OGM sont plantées dans le monde entier. Elle n’a pas non plus été favorisée par les milieux industriels). Il nous a parlé des qualités nutritives des OGM, aptitude à être cultivées dans des zones non cultivables (les situations de désert en France sont bien identifiées !!!). Il a évoqué également le riz OGM, nous lui avons fait remarquer que nous étions en France, et que si la loi se votait, elle concernerait surtout les maïsiculteurs, la Camargue n’ayant pas la vocation de satisfaire les besoins en riz de la France !!! Ce sont des plantes qui évitent les pesticides (à part qu’elles ne sont qu’un pesticide en elle-même. Il nie le fait que les racines restent dans le sol et l’imprègnent avec des molécules OGMiques.

  • que bien sûr, il y a les médicaments…Nous avons bien précisé que nous restions sur le terrain de l’agriculture

  • que nous devions transposer la directive européenne. L’Autriche l’a fait, mais avec des conditions de co-existence (5 km)qui empêchent de fait toute culture OGM

  • qu’en France la science n’avait pu démontrer de danger. (Monsieur Berland de l’INRA et Monsieur Vélot du CNRS s’y sont attachés, ce ne sont pas des charlatans. Ils sont reconnus internationalement, mais pas par leurs pairs, car ils affichent une position claire et nette sur cette nouvelle technologie et sont sanctionnés en retour. Pour qui ne veut pas voir…) Si nous refusons les OGM, nos cerveaux vont s’en aller. Pourquoi alors se priver de Vélot qui est jeté hors de son laboratoire, lui il ne s’enfuit pas, il ne demande qu’à rester et à continuer ses recherches.

  • que 114 millions d’hectares de cultures ogémiques sont plantées dans le monde (notamment par les USA). Si les USA se lançaient dans un suicide collectif, nous serions obligés de suivre ? Que dire des pays européens qui ont su habilement transposer la directive européenne sur les cultures transgéniques, comme l’Autriche, qui ont instauré des normes telles qu’il est impossible de cultiver des produits OGM (une distance de co-existence de 5km),

  • a été également évoqué le problème de la famine, que les OGM ne résoudraient pas, vu leur coût,

  • que Ziegler avait démontré qu’une agriculture bio pouvait nourrir le monde, qu’il existait des agricultures alternatives, mais ces arguments, il n’a pas voulu les entendre, ni, par ailleurs, ne nous a répondu sur ce sujet.

  • que le texte affiche un équilibre satisfaisant sur le droit et la liberté de produire avec ou sans OGM. Nous serions curieux de savoir de quel équilibre il s’agit dans la mesure où la loi tolère un seuil d’OGM jusqu’à 0.9%. Quant à la traçabilité des produits OGM, il a été des plus discrets quant à la résolution de ce problème,

  • que les agriculteurs qui se lancent dans cette technologie, le font en toute conscience. Ils peuvent se retourner contre les vendeurs sur les fondements de l’article 13182 du Code Civil. Nous allons nous renseigner pour connaître quelle compagnie est prête à assurer ces productions et à quel coût.

  • que la sanction appliquée aux faucheurs était «de la provocation», un délit de destruction volontaire du bien d’autrui existant déjà. Nous sommes heureux de l’entendre et surtout de constater la disproportion de traitement entre les faucheurs d’OGM et les destructions organisées par les adhérents de la FNSEA depuis plus de trente ans (des millions d’euros de dégâts payés par la collectivité, des non lieux en terme de sentence). Quelle peine pour des faucheurs d’OGM qui détruirait le bureau d’une ministre ? Pour la FNSEA : une remontrance….

  • qu’il y aurait transparence sur les parcelles identifiées, répertoriées sur le site du Ministère. Est-ce que nous en aurons connaissance en Octobre, après la collecte des maïs, où il faudra deux cents mots de passe pour avoir l’info ?

  • que le Haut Conseil en Biotechnologie veillerait à mettre en place les données techniques (distance de co-existence..) au regard de la loi et du principe de précaution. Quel contrôle citoyen ou parlementaire sur ces décisions ?

  • que le cadrage de la loi permettra de mettre en œuvre le principe de précaution. A la question, que pourrez vous faire, en tant que député, si cette loi s’oriente vers des dérives. Il s’engage à poser des questions écrites ou orales le mercredi. Nous voilà pleinement rassurés….


Il est prévu que le texte passe en seconde lecture au Sénat le 15 ou 16 Avril et à l’Assemblée Nationale en Mai.


Nous sommes le 15 Avril, quelqu’un a – t –il des nouvelles à ce sujet.


Il s’engage à nous répondre sur son blog

 

 

04/04/2008

Le monde : un amendement qui encadre les OGM

L'Assemblée adopte un amendement qui encadre fortement l'utilisation des OGM

LE MONDE | 03.04.08 | 08h48

"Incroyable !" En quittant l'hémicycle, mercredi 2 avril, peu après minuit, le député socialiste de Dordogne Germinal Peiro est encore sous le coup de l'émotion. Après plusieurs heures de débats houleux sur le projet de loi sur les OGM, marqués par de multiples invectives entre la droite et la gauche, l'Assemblée nationale vient d'adopter un amendement de l'opposition, défendu par le député communiste du Puy-de-Dôme André Chassaigne. Placé au début du texte, il en modifie fortement l'équilibre.

Il indique en effet que les plantes transgéniques ne peuvent être cultivées que dans le respect "des structures agricoles, des écosystèmes locaux, et des filières de production et commerciales qualifiées 'sans organismes génétiquement modifiés', et en toute transparence". L'amendement a été voté par les élus socialistes, communistes et Verts, mais aussi par quatre élus de la majorité, qui ont fait basculer l'Assemblée.

Le projet du gouvernement stipulait seulement que la culture des OGM devait avoir lieu "dans le respect de l'environnement et de la santé publique". Depuis mardi 1er avril, date du début du débat sur le projet de loi, dont l'objectif est de fixer un cadre à long terme pour la coexistence des filières sur le territoire, les élus de l'opposition n'ont cessé de mettre en garde contre la menace que représentent, à leurs yeux, les cultures OGM sur les filières agricoles de qualité (AOC, labels, agriculture biologique), du fait de la dissémination des pollens dans l'environnement.

"VICTOIRE POLITIQUE"

L'adoption de cet amendement représente "une avancée fondamentale pour le respect des cultures sans OGM", car il donne une base juridique pour exclure les OGM de certaines zones du territoire, ont souligné les élus socialistes. L'opposition revendique une "victoire politique".

Au cours du débat, le rapporteur du texte, Antoine Herth (UMP, Bas-Rhin) s'est plusieurs fois opposé à des amendements qui visaient le même objectif, au nom du respect de la réglementation communautaire. Le projet de loi transpose en effet une directive européenne de 2001, qui fixe les principes du libre choix des agriculteurs de cultiver ou non des OGM, et interdit de déclarer des zones "sans OGM" au nom du respect de cette liberté.

"Nous avons la volonté de rester le plus près possible de la réglementation communautaire, a expliqué M. Herth. Décider d'exclure les OGM de zones entières n'est pas possible, mais les démarches volontaires le sont."

En revanche, la secrétaire d'Etat à l'écologie Nathalie Kosciusko-Morizet s'est démarquée de cette position, et s'en est remise à la "sagesse" de l'Assemblée, laissant aux députés la liberté de leur vote, lors de la discussion sur un amendement identique à celui défendu par M. Chassaigne, présenté par le député UMP du Puy-de-Dôme Louis Giscard d'Estaing.

Si M. Giscard d'Estaing a fini par retirer son amendement, à la demande du rapporteur, celui de M. Chassaigne a été maintenu et adopté, le vote déclenchant une explosion de joie sur les bancs de l'opposition.

L'épisode témoigne une nouvelle fois des tensions entre les ministres, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet, et à propos des OGM. La position de la secrétaire d'Etat lui a valu les foudres du président de la commission des affaires économiques Patrick Ollier et du député UMP de la Seine-et-Marne Christian Jacob, favorables aux biotechnologies, lors des suspensions de séance.

Il démontre également l'inquiétude de certains élus UMP devant les OGM. Plusieurs députés de droite ayant voté l'amendement sont des élus de zones de montagne, où l'agriculture sous signe de qualité représente un poids économique et culturel important.

"Nous sommes en première lecture, le texte peut encore évoluer, déclarait l'un de ces élus, Martial Saddier (UMP, Haute-Savoie) à la sortie de l'hémicycle. Mais nous avons soulevé une question importante qui doit être traitée.""Il y a eu un peu de confusion, ce n'est pas un drame, on va corriger cela", commentait de son côté M. Jacob.

Gaëlle Dupont



03/04/2008

La roumanie suspend la culture du maïs OGM

le 27 mars 2008

La Roumanie suspend à son tour la culture du maïs MON810. A quand un moratoire européen ?

Paris-Bucarest, le 27 mars 2008 – Greenpeace se félicite de la décision du gouvernement roumain qui a annoncé aujourd’hui la suspension de la culture du maïs MON810. Désormais, les cultures commerciales de cet OGM sont suspendues dans les trois plus grands pays producteurs de maïs en termes de surface de l’Union Européenne : France, Hongrie et Roumanie.
C’est par la voix de M. Attila Korodi, Ministre de l’Environnement et du développement durable que l’annonce a été faite lors d’une conférence de presse jeudi matin. « Nous sommes en possession d’études montrant que les OGM ne sont pas sûrs pour la santé humaine et l’environnement (…) Nous avons donc mis en place un comité des biotechnologies qui va travailler à partir de ces études et rendre un avis scientifique. Une fois cet avis rendu, la suspension sera actée. Cette décision devrait intervenir vers le 15 avril. En attendant, nous exigeons que les agriculteurs roumains ne plantent pas de maïs MON 810. Le future de la Roumanie est dans l’agriculture biologique ! » (Traduction Greenpeace)

Cette décision a une portée considérable. Le plus gros producteur européen de maïs – en termes de surfaces cultivées - tourne désormais le dos aux OGM. Trois millions d’hectares de maïs sont cultivés chaque année en Roumanie. En 2007, seuls 300 hectares de maïs MON810 ont été cultivés, ce qui représente 0,01% de la production roumaine de maïs. Il est intéressant de noter que la Roumanie était encore il y a quelques années un paradis pour les OGM, principalement pour le soja, qui y a été cultivé à grande échelle, avant qu’il ne rejoigne l’UE. Historique, ce revirement est donc lourd de sens.
La Roumanie devient ainsi le 7ème pays européen à avoir interdit les OGM sur son territoire, après la France, la Hongrie, l’Italie, l’Autriche, la Grèce et la Pologne. L’Espagne, seul pays où les OGM sont cultivés à grande échelle, se voit de plus en plus isolée sur la scène européenne.
« Avec des moratoires en France et en Roumanie, ce sont les principaux producteurs de maïs européens qui refusent les OGM. Ils envoient ainsi un message fort au reste du monde et à la Commission européenne sur les risques que cette technologie comporte, explique Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace France. Il est urgent que la Commission européenne prenne un moratoire européen sur les cultures d’OGM afin de protéger les agriculteurs et les consommateurs européens »
Dans un contexte où l’Europe refuse de plus en plus massivement les OGM, il est également important que les députés amendent en profondeur le projet de loi sur les OGM qui va être examiné à l’Assemblée nationale à partir du 1er avril. En l’état, le texte ne permet pas aux consommateurs et aux agriculteurs de pouvoir continuer à produire et à consommer sans OGM. « Les députés doivent voter pour une loi de protection et non une loi qui légalise la contamination génétique de notre environnement, de notre agriculture et de notre alimentation, indique Arnaud Apoteker.

 

 

Paris, France — Paris, le 1er avril 2008. Après les déclarations du député UMP François Grosdidier sur liberation.fr et les déclarations du sénateur Jean-François Le Grand dans le Monde daté du 2 avril faisant état de pressions sur les élus UMP, Greenpeace en appelle au Président de la République pour qu'il restaure au sein de sa majorité le sens de l'intérêt général afin que les intérêts des lobbies semenciers, et de Monsanto en particulier, ne prévalent sur la préservation d'une agriculture et d'une alimentation de qualité, totalement exemptes d'OGM.

« Les accusations des deux parlementaires issus de la majorité présidentielle sont très graves et soulignent l'incroyable pression que subissent les parlementaires de la part des semenciers et du lobby agricole depuis le Grenelle de l'environnement » déclare Arnaud Apoteker, chargé de la campagne OGM pour Greenpeace France. Il faut souligner le courage de ces deux personnalités, dont les déclarations confirment ce qui se dit depuis des mois ! Dans ce contexte, le chef de la majorité UMP doit appeler ses représentants à respecter la volonté de la très grande majorité des Français et les décisions du grenelle, à savoir la liberté de produire et de consommer sans OGM. »


01/04/2008

Libération : Maïs transgénique

Maïs transgénique. (Reuters)
François Grosdidier, député UMP de la Moselle, appelle ses collègues à refuser le projet de loi sur les OGM, dont l'examen débute aujourd'hui et qui, selon lui, a été amendé au Sénat pour aboutir à une "mise en culture rapide et massive des OGM en France".
Eliane Patriarca
LIBERATION.FR : mardi 1 avril 2008

Les députés commencent cet après-midi l'examen du projet de loi sur les OGM. Un texte rédigé dans la foulée du Grenelle de l'Environnement, puis amendé et adopté par les sénateurs le 8 février, et qui est aujourd'hui très controversé. Hier, le député UMP de la Moselle, François Grosdidier, a invité l'Assemblée nationale à un texte «manifestement amendé sous l'influence de groupes voulant une mise en culture rapide et massive des OGM en France». Dans une lettre ouverte à ses collègues, il insiste sur «les doutes scientifiques et les enjeux éthiques» qui entourent les OGM et revendique la «liberté de vote». Entretien.
Dans votre courrier, vous évoquez « l'activisme forcené de la FNSEA », le principal syndicat agricole et du lobby pro-OGM pour détricoter le projet de loi. Pouvez vous donner des exemples?

Il s'agit notamment de démarches individuelles faites auprès des députés ruraux, qui constituent la majorité des députés de la majorité, par les branches départementales de la FNSEA avec plus ou moins, disons, de véhémence. Certains de mes collègues, dont je tairai le nom, se sont entendus dire que leur permanence risquait d'être mise à sac. Le lobby semencier a remarquablement utilisé la base de la FNSEA pour ce travail; puis il a agi via la commission des Affaires économiques du Sénat et de l'Assemblée.

Comment réagissent les députés?

Mes collègues sont grandement intoxiqués. D'un côté, on leur affirme que les opposants au texte rejettent la recherche, les OGM-médicaments ou résistant aux conditiosn extrêmes. C'est totalement faux, bien sûr. Je pourrais même être favorable aux OGM dans l'alimentation animale si on arrivait à prouver leur innocuité ou le caractère réversible de leur utilisation. Or ce n'est pas le cas, comme on l'a vu avec le maïs Mon810.

En outre, Bernard Acoyer, président de l'Assemblée nationale, ou Patrick Ollier, qui dirige la Commission des affaires économiques de l'Assemblée, assurent les députés que le projet de loi actuel respecte les principes de la directive européenne sur les OGM, principes exposés lors du Grenelle de l'Environnement puis repris par Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo. Or ces principes sont totalement battus en brèche par le texte amendé par les sénateurs qui n'a pour seul objectif qu'une mise en culture rapide et massive de céréales OGM en France, en s'exonérant du principe de précaution.

Exemples de modifications qui trahissent selon vous le projet de loi initial?


La Haute autorité, qui devait étre chargée de l'évaluation des OGM, est devenu un Haut conseil totalement verrouillé par le Sénat et dont l'indépendance des membres n'est plus assurée.Donc nous n'aurons pas la garantie d'une expertise scientifique indépendante.

Autre problème: le texte réduit le principe de responsabilité. Celle de l'agriculteur est limitée à l'impact éventuel sur la récolte du champ voisin alors que les scientifiques s'accordent à dire que la dissémination d'un OGM va bien au-delà de la dizaine de mètres.

Le texte ne prévoit aucune responsabilité globale de la filière. En cas de catastrophe sanitaire ou environnementale, ce sera donc à l'agriculteur esseulé de rembourser et comme il ne le pourra pas, les fonds publics seront mis à contribution. Les semenciers auront ainsi réussi à privatiser les avantages des OGM et à faire reposer leurs risques sur la collectivité ! Comme libéral, je ne peux accepter cela ! Enfin le texte ne garantit plus la liberté de cultiver ou de manger sans OGM puisq'il n'offre plus de protection contre les contamination de parcelles bio ou traditionnelles.

Comment expliquer ce revirement alors que le gouvernment s'était clairement engagé avec notamment les déclarations de Sarkozy à la fin du Grenelle évoquant les «doutes sur l'intérêt des OGM pesticides » ou le « contrôle de la dissémination " ?


Le gouvernement a été totalement battu en brèche au Sénat ! D'ailleurs le sénateur Legrand, qui présidait la Haute autorité provisoire sur les OGM, et était le plus proche des positions de Jean-Louis Borloo et de Nathalie Kosciusko-Morizet, a fini par baisser les bras et démissionner.

Au Sénat, c'est le lobby OGM qui a fait la loi et aujourd'hui à l'Assemblée, Patrick Ollier prend le relais. Le texte échappe complètement au gouvernement.

Vous êtes de droite, député UMP. Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre ainsi position?

J'ai commencé à m'intéresser avec plutôt un a-priori favorable à ces biotechnologies, à la recherche en général.

Géographiquement, en Moselle, je suis proche du botaniste messin Jean-Marie Pelt, avec qui j'ai beaucoup discuté. Je n'ai absolument rien qui me rapproche de altermondialistes mais j'ai essayé, en honnête homme, de faire mon travail, de m'informer et de comprendre.

Et puis vous savez, j'ai été confronté, dans ma circonscription, au problème de l'amiante. J'ai des administrés qui en sont morts ou qui en souffrent. Je me suis beaucoup intéressé aux missions d'enquêtes parlementaires sur ce dossier. Et j'ai été effaré de voir que l'on connaissait les risques depuis des décennies. Je suis affolé de voir que de telles catastrophes sanitaires ne servent pas de leçon, que les lobbies peuvent encore mettre en oeuvre les mêmes techniques. C'est scandaleux et ça se répéte.


http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/318752.FR.php
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