30/09/2007
l'été des faucheurs
L’été des Faucheurs
Les 26 et 27 février 2007 se sont tenus à Orléans les Etats généraux du moratoire. Organisés par un très grand nombre d’associations de défense de l’environnement, ils ont lancé un appel au gouvernement pour un moratoire sur les plantes OGM. C’est l’appel d’Orléans. Il n’a pas été entendu, le nouveau gouvernement demandant préalablement les conclusions du « Grenelle de l’environnement ».
Tout l’été, les Faucheurs volontaires ont préparé à leur façon ce « Grenelle de l’environnement » qui doit se tenir dans la 2ème quinzaine d’octobre. Pour bien se faire entendre des Français, ils ont coupé symboliquement un seul épi par personne en divers lieux. Ils ont opéré en public les tests de reconnaissance des plantes OGM pour porter celles-ci aux préfectures. Les quelques kilos de maïs prélevés ne portaient pas préjudice aux paysans, mais étaient une interpellation forte des pouvoirs publics qui, jointe à d’autres manifestations, a eu son effet. Des représentants des Faucheurs volontaires ont été reçus au ministère de l’environnement, tandis que José Bové était reçu par la secrétaire d’état à l’écologie, Mme Kosciusko-Morizet elle-même. C’était une reconnaissance officielle du caractère civique de nos actions de désobéissance en faveur de l’environnement. Depuis, le gouvernement par la voix des procureurs a demandé que les procès que nous devions avoir en septembre et octobre devant les tribunaux de Carcassonne, Toulouse et Chartres, soient remis à plus tard, le Grenelle de l’environnement pouvant changer le regard porté sur nos actions. De nouveau nous n’étions plus des délinquants de droit commun, ces procès étaient bien des procès politiques…
Maintenant pour montrer leur détermination, leur attente, leur vigilance, les faucheurs organisent une marche de Chartres à Paris du 9 au 13 octobre. Ils espèrent être nombreux à l’arrivée sur la place de l’Hôtel de ville de Paris. Dans les jours qui suivront jusqu’au Grenelle, les interventions continueront, pour donner d’autres informations concernant les cultures OGM.
En fait le gouvernement se trouve en devoir de choisir entre une agriculture productiviste, polluante, grosse consommatrice d’eau et contaminante, et une agriculture de qualité, respectueuse du principe de précaution.
La demande de produits sains et sans risques est importante de la part du public. La France pourrait innover en prenant la tête d’un tel changement. La clause de sauvegarde européenne, qui permet aux états de protéger leurs cultures par un moratoire, lui donne la possibilité de mettre en œuvre cette politique. C’est tout le sens de ma lettre (ci-dessous).
Nous espérons que le gouvernement et l’Assemblée nationale comprendront que la coexistence pacifique dans les champs du loup et de l’agneau est une belle fable qui ne relève pas de la science, mais du rêve et des appétits financiers de quelques uns.
Jean-Baptiste LIBOUBAN 30 sept. 2007
Pour plus de renseignements voir le site : www.monde-solidaire.org
Pour soutenir les faucheurs dans leurs procès et dans le paiement de leurs lourds dommages et intérêts et éviter l'expulsion de leur logement (Gilles Lemaire, Paris), vous pouvez verser vos dons, susceptibles de déduction des impôts, à l'association "sans gène" 10 bis rue du colonel Driand
31400 TOULOUSE sans-gene@no-log.org
J.B. LIBOUBAN
La Flayssière
34650 JONCELS Le 7 juillet 2007
Premier fauchage symbolique
d’OGM de l’été 2007
Madame Kosciusko-Morizet
Secrétaire d’état à l’écologie
Madame,
Face à la mise en danger de la vie sous toutes ses formes par les activités humaines, j’ai salué comme une avancée de l’intelligence et de la démocratie, la Charte de l’environnement. Qu’elle soit inscrite dans la Constitution au même titre que le droit à la propriété donne à réfléchir. Si elle donne des droits, elle engage aussi les citoyens à être responsables et à participer à la défense de notre patrimoine naturel. Cela permet d’espérer.
Tous ceux qui, depuis des années, luttent pour cette préservation, attendent que les actions du gouvernement, les lois , les décrets, ne contredisent pas, au nom du marché et d’une recherche mise à son service, cette juste position de principe. Le réalisme économique supputé risque fort de mettre en danger cette réalité économique même, avec son lot de conséquences sanitaires et sociales. Celles-ci se révèlent chaque jour comme n’étant pas dues aux inquiétudes d’obscurantistes.
C’est ce qu’ont bien compris les tribunaux correctionnels d’Orléans et de Versailles quand ils ont relaxé les Faucheurs volontaires d’OGM. Pour l’instant la Cour de Cassation n’a pas retenu la validité de cette position. Pour combien de temps ? Combien de temps faudra-t-il donc attendre, tandis que progressent les contaminations ?
Je suis moi-même Faucheur Volontaire, condamné à 6 mois de prison avec sursis par les Cours d’Appel de Riom et de Toulouse.
Je crois en conscience qu’on ne peut pas, au nom du profit de quelques uns, mettre en danger le bien commun. Il n’appartient à personne en particulier et il nous incombe de le préserver pour les générations à venir.
Madame, vous vous êtes engagée dans un gouvernement qui a promis concertation, ouverture, dialogue et, à l’automne, « un Grenelle de l’environnement ». Mr Juppé n’a pas cru bon, sur l’avis de la CGB, de mettre un moratoire sur le maïs Monsanto 810 qui doit faire l’objet d’une réévaluation. Les membres de cette commission ont-ils vraiment lu le rapport de la scientifique allemande Martha Mertens ? En en prenant connaissance, le gouvernement de son pays a interdit cette année à la vente les semences de ce Mon 810.
En France, on nous promet pour cette année 20.000 hectares de ce maïs OGM qui va contaminer l’Hexagone de toutes parts. Adieu, agriculture et apiculture de qualité, alors que de plus en plus de pays européens (Italie, Grèce, Irlande, Autriche, Slovénie, Hongrie, Tchéquie, Suisse…) préservent leur pays, leurs agriculteurs et leurs consommateurs.
Il est urgent, mais il n’est pas trop tard, de mettre un terme à ces cultures OGM et de répondre à l’appel d’Orléans. J’ose espérer que le gouvernement verra les différents avantages pour l’intérêt général d’une telle disposition. Elle donnerait la paix des champs et serait un signal clair pour préparer le Grenelle de l’environnement. Faudra-t-il que nous arrivions à ses portes avec des maïs contaminés, cueillis aux quatre coins de la France, pour montrer le mitage du territoire et l’absence de précaution ?
Personnellement, j’ai pris mes responsabilités en conscience et en relation avec cette Charte de l’Environnement. J’ai participé à la neutralisation publique symbolique d’une tige de ce maïs, accompagné de beaucoup d’autres. Nous voudrions pouvoir nous arrêter là.
En posant cet acte, pourtant symbolique, je serai certainement considéré par la justice comme récidiviste avec pour conséquence quasi certaine la prison. Ma famille et moi-même en avons accepté tous les aspects indésirables. J’espère que vous comprendrez qu’en réalité, ce ne sera pas un ou plusieurs Faucheurs volontaires qui seront mis en prison, mais cette belle Charte de l’Environnement que je vous suis gré d’avoir écrite.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Madame, à toute ma considération.
J.B. LIBOUBAN
Initiateur des Faucheurs Volontaires
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19/09/2007
Le « Grenelle » vu par Guy Kastler
Le Courrier de la Baleine : Pourquoi avez-vous accepté de représenter les Amis de la Terre sur l’agriculture et les OGM ?
Guy Kastler : « Les Amis de la Terre me l’ont proposé en juin. La période électorale était derrière nous, il s’agissait de répondre à une consultation officielle et non plus de rentrer dans un jeu politique que j’avais auparavant refusé. Il n’y avait alors pas d’autres représentants des agriculteurs que la FNSEA dans les groupes de travail du Grenelle sur les modes de production et de consommation durables. Dans ce contexte, j’ai accepté, avec un objectif double : aller le plus loin possible sur un certain nombre de dossiers – semences et OGM notamment – et aider les milieux environnementaux à une prise de conscience sur l’agriculture.
LCB : Quelle est l’ambiance au sein des groupes de travail ? Peut-on aborder tous les sujets ?
G.K. : Les choses sont dites correctement dans l’ensemble. La nouveauté a été d’élargir la représentation de la société civile – syndicats et entreprises jusqu’ici – à un nouveau collège, celui des ONG environnementales. Dans le Grenelle, ce sont ces dernières qui font des propositions, avec une certaine concurrence des tensions entre l’Alliance et FNE pour : chacune souhaite devenir l’interlocuteur privilégié unique de l’Etat. La volonté d’apparaître comme un négociateur institutionnalisé de cette mise en scène politique et non en simple représentant de la société civile pousse certains représentants de FNE à rentrer dans les compromis avant même de commencer à débattre. En face, les lobbyings sont plus sur la défensive de façon à empêcher tout consensus. Pour eux,Ils savent que les principales négociations se déroulent à l’extérieur, directement avec l’Etat. C’est ainsi que courant juillet, une réunion s’est tenue au ministère de l’Agriculture mobilisant l’ensemble des représentants de l’agriculture au Grenelle (syndicats, Etat…)organisations agricoles. L’idée : éviter que le Grenelle ne débouche sur des mesures contraignantes. IC’est là qu’il a été affirmé décidé que certains dossiers, tels que la PAC, ne seraient pas discutés. Et à ce jour, ils ne l’ont pas été ! Or, la PAC est la première cause des dégâts environnementaux de l’agriculture moderne, rien ne changera qu’à la marge si elle n’est pas modifiée. Le ministère refusait également. Il a été demandé de refuser tout débat transversal: celui des OGM a été maintenu, mais nous avons perdu sur les agrocarburants.
LCB : Que s’est-il passé sur cette question ?
G.K. : Nous n’obtiendrons pas de moratoire sur les agrocarburants industriels, même si leur bilan énergétique est négatif. Ils dispersent un nuage de peinture verte sur la poursuite du gaspillage énergétique auquel on ne touche pas. Ils entraînent l’augmentation de l’effet de serre et élèvent le prix des céréales. Les subventions qui leurs sont accordées justifient la suppression des stocks alimentaires et des politiques de maîtrise des marchés. Le surcoût de l’alimentation animale augmentera ce qui accélérera la délocalisation des la productions animales ovine européenne -et bientôt bovine- dans les pays du Sud. Ces pays, contraints par la dette, renoncent à leurs cultures vivrières au profit de champs destinés à nourrir nos animaux ou à faire du carburant pour nos les 4x4 et sont dépendants pour se nourrir des surplus agricoles occidentaux, de plus en plus chers. Au lieu de développer les productions locales alternatives (biogaz, huile végétale brutes…) qui sont les seules à avoir un bilan énergétique, financier et social positif, les pays riches perfectionnent ainsi leur arme alimentaire.
LCB : Et dans les autres domaines – OGM, pesticides – peut-on attendre des mesures concrètes ?
G.K. : Sur les OGM, le moratoire est à l’ordre du jour, mais on ne touche pas au monopole de l’industrie semencière qui interdit les semences paysannes et traditionnelles est envisageable (voir encadré). La biodiversité reste un slogan pour quelques plantes et animaux sauvages pendant qu’on continue à détruire la biodiversité « domestique » entretenue par les paysans dans leurs champs, alors qu’elle seule est apte à s’adapter aux changements climatiques en court. SMais sur les pesticides, la FNSEA accepte de dire qu’il faudrait en réduire l’utilisation, mais bloque tout engagement chiffré. Elle accepte de réduire l’utilisation des pesticides mais elle cible une certification qualification qui reprendrait l’agriculture raisonnée sous l’appellation « haute efficacité performance environnementale » (HPEE). La restauration collective bio sera recommandée, mais pas financée par la PAC, et les barrières normatives ou sanitaires qui interdisent son développement à partir des productions locales sont maintenues. Malgré les louanges qui lui sont accordées, la bio n’aura droit qu’au marché pour se développer, sans aucune correction des distorsions de concurrence qui laissent l’agriculture chimique facturer aux contribuables ses dégâts environnementaux, sanitaires et sociaux.
LCB : On est donc bien loin des enjeux affichés publiquement par le gouvernement ?
G.K. : Tout dépend de quels enjeux on parle. Des enjeux pour qui ? Le Grenelle va rendre obligatoire une re qualification des exploitations agricoles, ce qui nécessitera des investissements inaccessibles aux petits agriculteurs diversifiés. Dans le domaine du réchauffement climatique, on va justifier des agrocarburants (qui contribuent à le renforcer) ou il est prévu un plan de rénovation de l’habitat qui ne pourra pas être financé par une majorité de citoyens si aucune mesures sociales n’accompagne ce plan, une majorité de citoyens ne pourront le financer. C’est donc le gouvernement qui est ici à la hauteur de ses propres enjeux. L’écologie est devenue un outil au service des bénéfices des entreprises et de l’exclusion sociale et la relance de l’économie. Il ne faut pas être naïf quand on va dans ce genre de réunions. L’Etat vise à instrumentaliser les ONG pour faire du business économique. Faire prendre conscience de cette manipulation est aussi ce qui m’a incité à intégrer les réunions de travail du Grenelle. »
Propos recueillis par Sophie Chapelle
Ogm : un moratoire pour le symbole ?
Fin juillet, on apprend que plus de 21 000 ha de mais génétiquement modifié Mon810 sont cultivés en France. Les Faucheurs volontaires poursuivent leurs actions et usent de méthodes novatrices comme la pollinisation volontaire : on arrose l’arroseur en agitant autour d’une parcelle de semences GM des plantes conventionnelles ou biologiques en fleur afin de les « contaminer » avec du pollen non transgénique. Espéré, le moratoire est débattu prend forme au Grenelle : le 10 septembre, une motion rédigée par un « nombre significatif des membres de l’intergroupe OGM » est transmise au gouvernement pour réclamer un moratoire. La FNSEA défend bec et ongle les essais mais reste très timide face aux cultures GM. Guy Kastler est peu surpris : « Il n’y a plus d’avenir économique à la culture des OGM en Europe. Les consommateurs européens n’en veulent pas. Les firmes semencières développent désormais les OGM dans l’alimentation animale. Comme l’élevage en UE est de plus en plus délocalisé hors d’Europe, les lobbies n’y ont plus d’intérêt. Ils veulent par contre poursuivre leurs « recherches » pour asservir les paysans du sud avec leurs brevets»
Le moratoire demande à terme la reconnaissance de la liberté et du droit à produire et consommer sans OGM. Principe politique, il devrait, s’il était adopté, se décliner en mesures techniques impliquant la fin des essais et des cultures. Ainsi, à chaque autorisation d’un OGM par la Commission européenne, la France devrait actionner la clause de sauvegarde. Pour Guy Kastler, « gagner ce moratoire doit surtout servir à dévoiler les nouveaux enjeux relève d’un enjeu symbolique. Une nouvelle bataille se profile avec les plantes brevetées issues de la mutagenèse ou des nanotechnologies. Ses partisans parlent de “sélection assistée par marqueur”, une sélection selon eux traditionnelle. Or c’est une propagande “écologiste” pour faire accepter des nouvelles plantes manipulées non étiquetées mutées. » La rupture avec un système qui ne fait que se repeindre en vert n’est pas pour demain.
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18/09/2007
Réunion Cormoz 27-09-07
Réunion à Cormoz à 20h
Elus – Agriculteurs – ou simples citoyens, cela vous concerne !
Venez vous informer, pour comprendre et débattre
Qu’est-ce qu’un OGM ?
- Les applications actuelles des OGM (recherche, agriculture, production de médicaments …) ;
- Les caractéristiques de la variété de maïs OGM cultivée en Bresse (MON 810) ;
- L’intérêt économique des OGM pour les agriculteurs et producteurs de semences.
- Risques sanitaires et écologiques
- Cultures OGM et non OGM : la coexistence est-elle possible ?
- Les OGM peuvent-ils permettre de résoudre la faim dans le monde ?
- Privatisation du vivant
- OGM, question d’éthique
20:45 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (4)
Traqués par les anti-OGM
Traqués par les anti-OGM par Héloïse Léon
Pour TC, Patrick et François Pomat, éleveurs de porcs et cultivateurs de maïs transgénique, ont décidé de sortir de leur anonymat et de s’expliquer
Dans le village de 300 âmes de Pirajoux, dans la Bresse (Ain), on ne parle que d’eux : « Les planteurs d’OGM. » Patrick et François Pomat sont frères. Ils possèdent un élevage industriel de 2 000 porcs et cultivent 50 hectares de maïs MON810 (1) destiné à l’alimentation de leur cheptel. Pour répondre à ce qu’ils qualifient de « mal information » de la part des anti-OGM, les Pomat ont choisi de témoigner. Pour vivre heureux, ils cultivaient cachés. L’État se contente de rendre publique la simple localisation des parcelles OGM à l’échelle de cantons (2), garantissant ainsi l’anonymat aux « paysans du transgénique ». Mais cette maigre information a suffi aux militants du collectif « OGM Non merci » de l’Ain pour se lancer dans une véritable traque aux « semeurs ». La rumeur a enflé et sous la pression des cancans, les têtes sont tombées. On retrouve ces agriculteurs à La Tournelle, l’exploitation familiale depuis 1917. Leur mère, agitée, fait les cent pas sur le perron de la maison en criant qu’« il faut pas embêter les gens qui travaillent et que d’abord, il y a une loi qui dit qu’on peut faire des OGM, alors ! » Alors, ses deux grands fils de 40 ans gardent leur calme et expliquent leur choix agricole. « On sème du maïs transgénique pour répondre à une problématique de mycotoxines », répètent-ils mécaniquement. Selon eux : « Le MON810 est le seul moyen de lutter à 100 % contre la pyrale du maïs, ce petit papillon dont les larves attaquent le pied de la plante et génèrent un champignon, le Fusarium. Cela crée des problèmes digestifs chez le porc une fois le grain consommé, avec pour conséquence une forte diminution de l’appétence et donc une perte au niveau de l’élevage. C’est un peu technique. Vous comprenez ? »
Oui, on comprend que leur discours sort tout droit d’une publicité de Monsanto, le producteur de la semence miraculeuse. Une étude de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, publiée en juin 2004, affirme que « les résultats d’études scientifiques permettant d’authentifier la moindre imprégnation des plantes génétiquement modifiées en mycotoxines sont abondamment utilisés auprès des professionnels pour la promotion des semences OGM et de leur image ». Comprendre : ne trouvant pas d’écho auprès de la population (3), les semenciers optent pour une stratégie plus ciblée afin de développer leur marché. C’est d’ailleurs par le biais de leur réseau professionnel que nos deux agriculteurs ont été séduits par le procédé, il y a un peu plus d’un an. « Des cultivateurs de maïs OGM du sud-ouest de la France, également éleveurs de porcs, nous ont conseillé le MON810 », expliquent les frères Pomat. Ils tentent donc le « coup » en plantant une parcelle d’essai la saison dernière. « Les résultats étaient concluants. Le grain était de meilleure qualité. Nous avons choisi de continuer », poursuivent-ils.
Budget équilibré
Gain en qualité ou en productivité ? Ces deux éleveurs affirment que la productivité et le profit n’entrent pas en compte dans leur décision. Le sujet reste pourtant sensible. « Le MON810 est un peu plus cher qu’une semence de maïs classique, mais on n’a pas à acheter de pesticide. La plante produit son propre insecticide », admet Patrick Pomat. Le budget est donc équilibré. En revanche : « La qualité du grain permet aux bêtes d’engraisser mieux et plus vite », se félicite son frère. Le profit viendrait uniquement de là, contrairement à ce que prétendent d’autres agriculteurs du canton : « Il n’y a pas de choix gratuit dans le monde paysan. Impossible de vous donner le montant ni la nature des remises qu’appliquent les fournisseurs lorsqu’un agriculteur se met au transgénique, mais il y a forcément un bénéfice important pour qu’il choisisse de changer de méthode de culture. »
« Qu’importe le qu’en-dira-t-on, on assume, répondent d’une traite les deux frères. Cultiver du maïs OGM est tout à fait légal. Et rien de plus simple : on en trouve chez n’importe quel fournisseur de semences. » François ajoute que « beaucoup d’agriculteurs envisagent de s’y mettre. Mais tous n’en ont pas le courage ». Traduire : les actions des anti-OGM semblent avoir un effet dissuasif. Mme Pomat mère continue de trépigner. Patrick, lui, commence à s’impatienter. Son téléphone portable sonne sans cesse depuis le petit matin. Le numéro est masqué. Il regarde son frère qui lui suggère de décrocher : « Vas-y, on n’a rien fait de mal. » C’est un ami qui vient aux nouvelles. Pendant que Patrick converse, François exprime son désarroi : « On s’est fait piéger par Gérard Boinon, le président d’OGM Non merci. Il m’a appelé en me disant qu’il savait qu’on plantait des OGM. Je n’ai pas dit non. Il a raccroché en affirmant qu’il allait avertir la presse locale. » Le militant anti- OGM expliquera son geste le soir même, lors d’une réunion d’information : « Nous avons longuement réfléchi avant de les dénoncer. C’est vrai que cela peut faire penser à de l’inquisition, mais il fallait que les voisins sachent. Nous sommes en pleine période de pollinisation, les champs de maïs des agriculteurs biologiques des alentours risquent d’être contaminés. » Certes. Sauf que les Pomat affirment respecter à la lettre les cinquante mètres de précaution réglementaires : « Autour de notre parcelle OGM, nous avons planté du maïs classique. Et nous n’avons pas de voisin à moins de sept kilomètres. Nous n’avions donc pas besoin de prévenir qui que ce soit. » Patrick achève sa conversation téléphonique et raccroche en soupirant : « Cela finira bien par retomber. Les gens se préoccuperont plus du Mondial de rugby et moins des OGM. » Les deux frères assurent qu’ils ne finiront pas comme l’agriculteur du Lot dont le suicide avait été imputé aux militants anti-OGM, même s’ils comprennent « maintenant son geste ». « On voulait éviter l’affrontement avec les anti, pas le débat. Mais les faucheurs peuvent bien venir saboter notre boulot, de toute façon, on a la loi de notre côté. » La phrase tombe comme un couperet, celui de leur sentiment d’injustice. On les laisse retourner au travail. François Pomat achève, l’air anxieux : « Si un texte législatif nous interdit de planter, on arrêtera. (…) Possible aussi que nous mettions la clé sous la porte. On a beau avoir un élevage industriel, on a du mal à joindre les deux bouts. Pour que ce soit rentable, il faudrait que le kilo de porc soit à 1,50 €. Au supermarché, vous le payez 1,25 €. Et nous, on doit se plier aux prix. » Derrière les problématiques de mycotoxines, de parasites du maïs, de cultures OGM, de combats entre pro et anti, se cache une autre maladie, celle d’une politique agricole inadaptée
1. En France, l’unique variété d’OGM autorisée à être cultivée à des fins commerciales est le maïs MON810.
2. Site du ouvernement
3. Selon un sondage CSA-Greenpeace de septembre 2006, 80 % des consommateurs français sont ontre les OGM.
Salade administrative
Pour savoir qui recense et surveille les cultures OGM, c’est le jeu de la patate chaude. Coup de fil à la préfecture de l’Ain. On nous renvoie vers la chambre d’agriculture qui nous renvoie vers la DDAF (Direction départementale de l’agriculture et de la forêt), qui nous renvoie vers le SRPV (Service régional de la protection des végétaux). Bonne pioche. À l’autre bout du fil, on nous explique la procédure : « Les agriculteurs nous signalent leurs parcelles OGM lorsqu’ils font leur déclaration à la PAC (Politique agricole commune, Ndlr). » Ensuite ? « Ces cultivateurs pourront planter en veillant à respecter une distance de 50 mètres entre leur parcelle OGM et les champs de maïs classique. » Et pour ce qui est de la surveillance de ces cultures ? On nous renvoie vers le ministère de l’Agriculture, où nous répondent des communicants : « Nous ne sommes ni responsables du vent, ni des 50 mètres. Non, il n’y a pas de plan de surveillance particulier. » Alors, pourquoi relever les emplacements des parcelles ? « Le registre est inscrit dans la directive européenne pour avoir la possibilité de faire marche arrière si un incident se produisait. Mais les risques sont quasi inexistants. » Mais est-on bien sûr que la consommation d’Organismes génétiquement modifiés n’est pas dangereuse ? « Écoutez, je suis un ancien scientifique, nous précise notre interlocuteur, vous ingérez bien des gènes quand vous mangez une salade. Vous ne devenez pas salade pour autant, non ? » Oui… On raccroche avec l’impression d’avoir avalé une grosse salade administrative
Le registre des OGM par canton
Négociations : un ‘Grenelle’ aux OGM Déclarations et réunions s’enchaînent pour préparer le « Grenelle ». Les OGM sont au cœur des débats. Le tant attendu « Grenelle de l’environnement » devrait débuter dans un mois, à la mi-octobre. Déjà, les positions s’affirment, les déclarations fusent. Le sujet qui s’annonce en plat de résistance, ce sont les OGM. Lundi 10 septembre, des associations se sont réunies pour préparer le ‘Grenelle’ et tenter d’y aller en ordre de marche. Mais l’harmonie n’est pas tout à fait au rendez-vous. La fondation Nicolas Hulot et l’association France Nature Environnement ont établi une liste de dix principes pour « une loi de protection de la santé et de l’environnement ». Sur la question des OGM, l’Alliance pour la planète, qui rassemble 80 associations, demande un moratoire immédiat. Parmi elles, Greeenpeace, qui vient de révéler l’existence de champs OGM non répertoriés par le ministère de l’Agriculture, dans le canton de Samatan (Gers). « Notre position sur les OGM est assez claire : on ne peut les autoriser actuellement qu’en confinage, déclare Magali Ringoot, responsable du secteur OGM de l’association. Dès qu’ils sont utilisés en plein champs, leur propagation est incontrôlable. Il ne sert donc à rien de tenir les registres, comme le fait actuellement l’État. Les OGM peuvent se diffuser non seulement par pollinisation, mais aussi pendant les semences ou par les moyens de transport et les lieux de stockage. » Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, de l’Aménagement et du Développement durable, semble pour l’instant très conciliant sur le sujet, à entendre ses dernières déclarations. Le 5 septembre, il annonça : « Nous aurons un accord global sur les OGM. » Puis il lança la création d’une Haute Autorité sur les OGM, dont le travail se fera « dans une transparence totale et responsable ». Déclaration dont Greenpeace se satisfait : « C’est par le secret que les OGM se sont imposés, commente Magali Ringoot. Le ministère de l’Agriculture conserve de nombreux documents secrets. Et les déclarations de Jean-Louis Borloo confirment à leur façon qu’avant la création de cette Haute Autorité, il n’y avait pas de transparence. Il faut sortir de la loi du silence. »
19:30 Publié dans l'avis des pro-ogm | Lien permanent | Commentaires (1)
13/09/2007
Le Progrès : pollen contaminé
> ARDÈCHE
Du pollen dans des ruches contaminé par desOGM
Une partie du pollen récolté dans six ruches situées à proximité d'un champ de maïs OGM à Lussas (Ardèche), contient plus d'OGM que la limite au-delà de laquelle l'étiquetage est obligatoire (0,9 %), selon les analyses publiées par deux laboratoires. Les six ruches, situées à plusieurs centaines de mètres d'un champ de maïs OGM, avaient été scellées le 6 août par un huissier à la demande du syndicat des apiculteurs professionnels de Drôme-Ardèche, deux départements gros producteurs de miel. La parcelle OGM avait été fauchée une semaine plus tard, mais le pollen prélevé onze jours après la mise en place des ruches contenait 0,55 % à 1 % d'OGM selon les analyses menées par les deux laboratoires, Ampligene basé à Lyon et Applica basé à Brème (Allemagne). Le miel, lui, n'a pas été contaminé, car le pollen récolté à proximité des champs OGM est resté piégé dans les trappes à pollen des ruches.
09:50 Publié dans La presse locale | Lien permanent | Commentaires (0)