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21/11/2007

Le Progrès : sur la trace des OGM

Article du mercredi 21 novembre 2007

Que sont devenus les maïs transgéniques ? Ils sont utilisés dans l'alimentation du bétail en auto-production ou à la commercialisation sur le marché des céréales. Sans la moindre traçabilité
 

Que sont devenus les 134 hectares de maïs transgénique semés en juillet dans l'Ain ? Question complexe, tant retrouver la trace des OGM s'apparente à la recherche de l'aiguille dans la meule de foin.
L'organisme génétiquement modifié est bien identifié. Il s'agit du « Monsanto 810 », du nom du fabricant américain basé à Bron. Un OGM capable de lutter contre la pyrale, cette larve qui parasite les tiges de maïs et génère des mycotoxines.
Le site ministériel répertorie les cantons d'implantation, le nombre de parcelles et leur superficie. Ici, Coligny, Montrevel, Saint-Trivier-de-Courtes et Viriat. Rien en revanche sur la localisation. Dans un débat sensible, l'administration et les « pro-OGM » la jouent profil bas.
Regroupés dans le collectif « OGM non merci », les « anti » ont mené l'enquête. Résultat, 85 hectares de maïs transgénique repérés chez trois exploitants : les GAEC Pomat (« La Tournelle », Pirajoux), Michel (« Les Cours », Domsure) et Perthuizet (« Grosbuis », Cormoz), à qui nous avons donné la parole.

Et la transparence ?
Les récoltes sont aujourd'hui rentrées. Elles sont destinées à alimenter le cheptel en auto-production, si ce n'est que la donne a changé entre le semis et la moisson. Le cahier des charges de la future AOC « Beurre et crème de Bresse » proscrit les OGM dans l'alimentation des laitières. Du coup, les éleveurs qui se sont engagés sur la voie de l'appellation doivent écouler leurs stocks transgéniques sur le marché des céréales, ou les réserver à d'autres bétails, aux porcs par exemple.
Le Grenelle environnement a gelé les semences de Monsanto 810 jusqu'à l'intervention législative. « Mais ça ne change rien à la commercialisation » confirme René Romeu, directeur de la DGCCRF de l'Ain. « A partir du moment où la culture de produits OGM est autorisée, on peut les utiliser dans certaines fabrications ».
Philippe Janin, au nom de l'ADABIO s'insurge. « On peut acheter à son insu du saucisson fabriqué avec du cochon nourri aux OGM à 100 %. Seuls les produits végétaux sont soumis à étiquetage au-delà de 0,9 %. Pour le reste, le public n'a droit à aucune information ».
« Nous revendiquons la liberté de produire et consommer sans OGM » poursuit Philippe Janin. Mais quelle est-elle en l'absence de toute transparence ? Comment contrôler la part transgénique dans l'alimentation animale sachant que certains produits (le soja notamment) ne se trouvent plus que sous forme ogémique ? Comment maîtriser la contamination des non-OGM ? Et quels risques court-on à consommer de la viande d'animaux nourris « avec des plantes gorgées de pesticides dans des doses cent fois supérieures aux pulvérisations ?» Il est grand temps que le législateur clarifie le débat.

Marc Dazy

 


«On n'est pas des bandits»

On a fait un essai sur cinq hectares avec du « Coxama », un maïs OGM contre les mycotoxines de la pyrale. Autour, on a semé vingt-quatre sillons de maïs normal de même variété. La différence est flagrante. L'OGM est beaucoup plus vert, il n'y a pas une plante cassée, contrairement aux rangs d'à côté. Et pas besoin de mettre de pesticide dessus.
Certaines années, on traitait la pyrale par hélicoptère ! On en épandait sur les mares, tout le monde en respirait. Sur le colza, on met cinq insecticides. Vu ce qu'on ramasse, je ne sais pas ce qui est le plus dangereux pour la santé. On n'est pas des bandits. On pense aussi à l'avenir. Si on veut nourrir tout le monde, il faudra sûrement passer par les OGM.
On va récolter cette semaine. Mais comme on s'est inscrit dans la démarche AOC « beurre et crème de Bresse », on n'a plus le droit de nourrir nos vaches avec de l'OGM, le cahier des charges l'interdit.
On va le sécher et se débrouiller pour le commercialiser ailleurs. Ceci dit, je me demande comment on va faire avec le soja, parce que trouver du non-OGM, c'est quasiment impossible, à moins de le payer très cher.

 


«On n'a plus le choix»

On avait déjà semé du « Monsanto 810 » l'an passé. Cette fois, on a demandé le maximum : cinquante hectares. Le maïs est uniquement destiné à l'alimentation de nos porcs qui sont commercialisés un peu partout, sur Bourg, Valence
Il n'y a pas photo. Avec du non-OGM, on doit traiter la pyrale aux pesticides. Si on arrive à sauver 70 % de la récolte, c'est déjà bien, et on tombe à 30 % les mauvais jours. Le « Monsanto » lui, est garanti à 100 %. On donne du maïs sain à nos porcs qui intègrent mal les mycotoxines.
Maintenant, on entend tellement de choses, que les OGM restent dans la plante et patati-patata Moi, je vois qu'on enlève les pesticides. En traitant, tous les insectes y passent. Là, s'ils viennent piquer, ils sont toujours là. On dit aussi que les OGM se déplacent à des kilomètres. Mais on n'en a pas trouvé chez le voisin, et on n'a jamais rien trouvé dans le miel. Mais c'est vrai qu'on n'a jamais vu une abeille becqueter du maïs !
Les anti-OGM parlent de nous comme si nous causions du tort à l'agriculture. Mais il y a vingt ans en arrière, sur le maïs de Bresse, il n'y avait pas de mycotoxines. Aujourd'hui, on n'a plus le choix. Moi, je ne peux pas dire « j'arrête du jour au lendemain ». Si on dit non aux OGM, on ne sera pas dans la charrette alors que tout le monde va en faire. Déjà que le porc ne se vend plus qu'un euro le kilo, même pas notre prix de revient, comment on va faire ?
Si on n'a plus le droit d'en semer, on n'en sèmera pas. On vendra le maïs et on gagnera autant que sur le porc.

 


Un dépistage qui coûte cher

Le collectif « OGM non merci » a mené un véritable travail d'investigation. Quitte à tutoyer l'illégalité en pénétrant dans des propriétés privées pour prélever des échantillons suspects Une fois le larcin accompli, ne reste plus qu'à tremper une bandelette de révélateur dans le jus de tige. Comme pour un test de grossesse.
Sauf que la Sécu ne rembourse pas le dépistage OGM. Philippe Janin, le coordinateur de l'ADABIO (association de producteurs bio) sort les chiffres pour l'Ain, l'Isère la Drôme et l'Ardèche. 2579 euros en achats de tests, 5000 euros en analyses sur maïs bio, 700 euros d'analyses sur ruchers, 5500 euros de frais d'huissiers Le tout à la charge des associations, des organismes certificateurs ou des syndicats professionnels. La Région se serait engagée à en financer une partie.

 

24/10/2007

Le Progrès : OGM non merci poursuit son offensive pédagogique

Article du mardi 23 octobre 2007

Après une énième réunion d’information mercredi soir à Jasseron, le biologiste Christian Vélot est annoncé samedi au Vox à Bourg-en-Bresse 

 

Les militants anti OGM, rassemblés sous la bannière d’OGM non merci !, ont pour objectif de ne pas rompre les rangs à quelques jours du Grenelle de l’Environnement. C’est donc plus soudés que jamais qu’ils organiseront une réunion d’information mercredi 24 octobre à 20 h 30 à la salle des fêtes de Jasseron. Puis ils recevront Christian Vélot, biologiste moléculaire, samedi 27 octobre à 14 heures à la salle du Vox à Bourg-en-Bresse sur le thème « OGM : quelles conséquences ? »

Face à l’offensive des partisans du génétiquement modifié dans les cultures, les associations multiplient les actions pédagogiques : « Le 12 octobre dernier à Certines, nous sommes malheureusement passés à côté d’un débat qui aurait pu être contradictoire. La chambre d’agriculture n’avait invité que des pro-OGM », a regretté hier matin Philippe Jannin d’Adabio au cours d’une conférence de presse.

Comme ses amis Christiane Bataillard (Alternatifs), Claudine Thivent (Attac), Sylvie Chavenet (OGM non merci !) et Sophie Morin (Adabio), Philippe Janin reste réservé après la décision de la FNSEA (le tout puissant syndicat agricole) de geler les cultures OGM : « Ils attendent une loi avant le printemps. Ce qui n’engage à rien car on ne sème pas de maïs en hiver ! »

OGM non merci ! attend avec intérêt les conclusions du Grenelle. « Nous y verrons plus clair sur le contenu de la future loi. Pour nous, il n’y a toujours pas de coexistence possible entre OGM et non OGM à cause de la dissémination des pollens et car on n’a toujours pas de certitude sur les conséquences sur la santé. »

Jean-Marc Perrat

 

13/09/2007

Le Progrès : pollen contaminé

> ARDÈCHE


Du pollen dans des ruches contaminé par desOGM

Une partie du pollen récolté dans six ruches situées à proximité d'un champ de maïs OGM à Lussas (Ardèche), contient plus d'OGM que la limite au-delà de laquelle l'étiquetage est obligatoire (0,9 %), selon les analyses publiées par deux laboratoires. Les six ruches, situées à plusieurs centaines de mètres d'un champ de maïs OGM, avaient été scellées le 6 août par un huissier à la demande du syndicat des apiculteurs professionnels de Drôme-Ardèche, deux départements gros producteurs de miel. La parcelle OGM avait été fauchée une semaine plus tard, mais le pollen prélevé onze jours après la mise en place des ruches contenait 0,55 % à 1 % d'OGM selon les analyses menées par les deux laboratoires, Ampligene basé à Lyon et Applica basé à Brème (Allemagne). Le miel, lui, n'a pas été contaminé, car le pollen récolté à proximité des champs OGM est resté piégé dans les trappes à pollen des ruches.

07/09/2007

Le Progrès : la localisation se précise

Article du vendredi 7 septembre 2007

 

OGM : la localisation se précise

Le collectif « OGM non merci » a identifié deux nouvelles exploitations ayant opté pour les OGM, à Cormoz et Domsure. Les exploitants assument, les maires se posent des questions

C'était le 4 juillet. Ce jour là, on apprenait via un site Internet ministériel, la présence de 135 ha de maïs transgénique dans quatre cantons de l'Ain.
Stupeur et indignation pour certains, silence pour d'autres. Le débat national se déplaçait dans le département.
Le collectif « OGM non merci » organisait ses premières réunions d'information et annonçait qu'il allait tout faire pour identifier ceux qui avaient pris le risque de planter le maïs OGM.
Pas pour faucher les récoltes, mais pour les informer des risques qu'ils faisaient prendre -outre aux consommateurs- aux autres producteurs, ceux labellisés bio en particulier, ceux qui produisent du poulet AOC Bresse, du comté AOC ou les apiculteurs.
A la fin du mois d'août, une première parcelle OGM était « dénichée » par les anti sur une exploitation de Pirajoux. Mercredi, deux autres Gaec étaient signalés par le collectif comme ayant eux aussi planté du maïs transgénique. Le Gaec Grosbuis implanté à Cormoz et celui des Cours à Domsure avec des plantations sur Domsure et Cormoz.
Aujourd'hui, selon Gérard Boinon du collectif, aucun doute ne subsiste sur leur choix de plantation. « Nous faisons des analyses, puis des contre-analyses.
En plus, comme à Pirajoux d'ailleurs, les exploitants n'ont pas nié. Ils assument leur choix, leur responsabilité. C'est aussi pour cela que nous les désignons, parce qu'ils doivent aussi assumer les risques qu'ils font prendre aux exploitations voisines. »

A Montrevel aussi
Avec calme, le collectif explique aussi qu'il aimerait dialoguer avec eux en terrain neutre. « Nous ne sommes pas là pour faucher leur production. Mais comme le gouvernement n'a pas voulu le faire.
S'il l'avait fait, les apiculteurs auraient pu par exemple déplacer leurs ruches.
Nous devions faire le travail de recherche. Et les chercheurs d'OGM disent toucher au but. « Pour le canton de Coligny, c'est réglé.
Il nous en reste encore à trouver sur le canton de Saint-Trivier-de-Courtes et de Viriat ».
A Montrevel selon Gérard Boinon, l'exploitation aurait été identifiée. Ne manquerait qu'une contre-expertise pour lever le dernier doute.
Hier soir, Alain Michel un exploitant mis en cause, expliquait ses raisons et se disait ouvert au dialogue.
Les maires des deux communes prônaient plus d'informations des experts, des choix clairs du gouvernement, la prudence. Trois discours posés, comme ceux du collectif.
La tempête lancée par l'annonce en juillet de la présence OGM semblait s'être un peu apaisée.
Peut-être désormais, le débat sur les OGM dans l'Ain pourra t-il enfin sereinement débuté.

Olivier Leroy

 


Ils ont dit

Alain Michel
exploitant en OGM à Domsure
« Oui j'ai fait ce choix, comme mon collègue de Pirajoux parce qu'on a des gros problèmes avec notre élevage de porcs depuis 2000. C'est la catastrophe. Ce choix peut être une solution. On ne s'est pas vraiment caché, si on est resté discrets, c'est parce qu'en face il y a aussi des extrémistes, des gens de la LCR par exemple. On est conscients de nos voisins. Mais je pense que ça se détruit très vite, le Monsanto 810 est différent des autres. On se réfère aux scientifiques »


Michel Pirat
maire de Domsure
« Je ne le savais pas. Je suis moi même agriculteur. De l'OGM on m'en a proposé, je n'ai pas fait ce choix. Mais pour être franc, je ne suis pas un scientifique, je ne peux me prononcer. Franchement, je compte sur le Grenelle de l'environnement qui va se tenir bientôt pour faire des choix, prendre des décisions. C'est pas à nous de le faire, c'est au gouvernement. »


Laurent Chavanel
maire de Cormoz
« Je suis comme mon collègue, je ne savais rien. Je ne suis pas un scientifique. Mais je dis que la moindre des choses c'est de préserver le poulet AOC, le meilleur du monde. Quand on a ça, on ne peut pas prendre de risque. La moindre des choses, même si je ne sais pas quoi en penser, c'est que les scientifiques nous donnent leur avis. Ces OGM chez nous, ça me semble pour le moins précipité. C'est pareil pour le risque avec le comté. Ça devrait être suspendu, il faut faire attention à la région »


Gérard Boinon
collectif OGM non-merci
« Maintenant on touche au but. Il fallait trouver les parcelles, c'est presque fait et cela a été assez facile. Il fallait informer les agriculteurs comme les consommateurs et on va continuer à le faire. En dialoguant, pas en fauchant. Il faudra aussi attendre de savoir si les cultures voisines ont été contaminées. Ces analyses prennent plus de temps, il faudra attendre le grain et non pas se contenter de la tige ou de la fleur. »
Propos recueillis par O.L.

 

04/09/2007

Le Progrès : on sera déclassés

Article du mardi 4 septembre 2007

« Si on trouve des OGM dans notre maïs, on sera déclassés »

Edith Berizzi Agricultrice bio à Beaupont

« Nous faisons de l'élevage de brebis laitières, avec une production de fromage à la ferme, et un peu de porc sur 45 hectares, dont quatre en maïs et six en céréales. Tout ce qu'on fait est en auto-consommé. Nous, vu qu'on est bio, on est forcément contre les OGM. Je trouve vraiment dangereux qu'on introduise des gènes étrangers. Si on trouve des OGM dans notre maïs, on sera déclassés. On sera obligés de vendre notre production en conventionnel et de racheter du bio. Un comble ! Je sais qu'Adabio, l'association pour le développement de l'agricuture biologique, doit lancer des analyses ».

M. M.